Pourquoi s'en priver, hein ? Moi aussi, je m'adonne allègrement au degré zéro de l'écriture (cf. le billet précédent) en proposant une... liste. Et en adoptant pour ce faire les pratiques électorales d'une république bananière à seules fins de choisir mes albums préférés de 2010. Serge Moscovici, dans ses écrits sur l'influence des minorités, rappelait que le processus démocratique commençait à partir de trois personnes, avec la possibilité d'une majorité et d'une minorité. Mais, franchement, c'est encore tout seul qu'elle marche le mieux la démocratie ! Parfois c'est déjà assez difficile de s'entendre avec soi-même, alors les autres, pfuhhh !
Inutile de faire durer plus longtemps ce suspense insoutenable, voici donc le palmarès 2010 du Dr. Funkathus...
2. Carlinhos Brown, Diminuto + Adobró
3. Gonjasufi, A Sufi and A Killer
4. Seu Jorge & Almaz
5. Galactic, Ya-Ka-May
6. Trombone Shorty, Backatown
7. Of Montreal, False Priest
8. Chucho Valdes, Chucho's Steps
9. Madlib, pour l'ensemble de son œuvre de 2010
1. Janelle Monáe, The ArchAndroid
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2. Carlinhos Brown, Diminuto
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3. Gonjasufi, A Sufi and A Killer
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C'est un article consacré à Gonjasufi, "L'Agneau pascal selon Gonjasufi" qui est la page la plus visitée de ce blog. Il y est question de son morceau "Sheep" et personne ne m'a encore laissé de commentaires pour me signifier qu'en anglais, l'agneau se dit lamb et le mouton sheep. Mais pour un texte publié à Pâques, la tentation du jeu de mot était trop forte et invitait donc à l'approximation linguistique.
4. Seu Jorge & Almaz
Seu Jorge possède une voix incroyable. De Sam Cooke, on disait : "he could sing the telephone book", il pourrait même chanter l'annuaire téléphonique. On serait tenter de dire la même chose à propos de Seu Jorge. L'entendre interpréter un répertoire de choix, uniquement des reprises, est un plaisir qui ne se refuse pas : Jorge Ben, Michael Jackson, Roy Ayers, Tim Maia, Kraftwerk, Noriel Vilela, Nelson Cavaquinho... Bien sûr, on peut se demander si cela mérite de figurer dans une sélection des meilleurs albums de l'année. Mais pourquoi privilégier la composition à l'interprétation ? Ici, cette interprétation est l'œuvre de Seu Jorge donc, mais aussi de Lucio Maia (guitares) et Pupilo (batterie), membres de Nação Zumbi, et d'Antonio Pinto (basse). Le point de départ de ce projet remonte au moment où chacun des membres devait proposer aux autres un morceau qu'il aurait aimé écrire. Et le choix est un sans faute. En outre, sans que les titres choisis soient obscurs, c'est l'occasion de faire découvrir au public international un répertoire brésilien qui sort des sentiers battus et des standards de la bossa nova. Alors vaut-il mieux un album de mauvaises compositions ou de belles interprétations ? La seconde option, non ? Seu Jorge & Almaz sur l'Elixir...
5. Galactic, Ya-Ka-May et 6. Trombone Shorty, Backatown
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7. Of Montreal, False Priest
Ou le deuxième effet Janelle ! Alors que ce groupe originaire d'Athens, Géorgie, jouit d'un statut enviable, que False Priest est déjà leur dixième album, je n'ai même pas souvenir d'avoir lu une seule critique de l'album dans la presse spécialisée, uniquement sur quelques blogs. Certes, leur clip de "Coquet Coquette" a, paraît-il, provoqué un petit scandale, comme quoi il n'en faut pas beaucoup pour effaroucher certaines bonnes âmes ! J'avais écouté sans beaucoup d'attention quelques titres des deux précédents albums mais c'est avec celui-ci que j'ai vraiment découvert Of Montreal. Le déclic fut leur participation à l'album de Janelle Monáe sur le titre "make the Bus" où le duo de la miss et Kevin Barnes fonctionnait si bien qu'il déboucha sur deux autres titres. Sur l'album d'Of Montreal cette fois-ci. Autre invitée de Kevin Barnes et sa bande, Solange Knowles (oui, la sœur de Beyoncé) pour un "Sex Karma" dont le refrain "You look like a playground to me" tombe à point nommé pour rappeler que le sexe devrait toujours être "par surprise", avec l'imagination, dans l'inspiration du moment. Sur l'album je trouve en particulier irrésistible "Hydra Fancies" où Kevin Barnes se pose comme fils naturel et illégitime de David Bowie et George Clinton, comme si le P-Funk servait de bande-son à un opéra glam rock.
8. Chucho Valdes, Chucho's Steps
Cette liste n'est pas un classement de l'excellence musicienne, sinon Chucho Valdes y figurerait bien plus haut. Voici en effet un artiste en pleine maturité qui a atteint un niveau de maîtrise de son art absolument phénoménale, assortie d'une vision musicale qui lui permet de poursuivre et d'approfondir ses explorations et son élaboration d'un idiome particulier de jazz afro-cubain. Etourdissant.
9. Madlib, pour l'ensemble de son œuvre de 2010
L'ensemble de son œuvre ! Et c'est beaucoup de disques. Au moins 17 albums si je ne me suis pas trompé dans mes calculs ! Otis Jackson Jr. est prolifique et même plus que ça : c'est un dingue. Madlib mérite largement de faire partie de notre sélection même si je n'ai pas écouté en boucle ses albums, et d'ailleurs je n'en ai écouté qu'une petite partie. Et pour cause ! Rien que le Madlib Medicine Show compte douze albums, un par mois. Bon, il y a quand même un ou deux volumes de retard mais comment pourrait-il en être autrement. A travers Madlib, on apprécie la politique de Stones Throw, à la fois dans les choix artistiques mais aussi dans son approche esthétique des objets vinyls et CDs. Sans oublier que, pour un blogueur, leur site est une aubaine. Quant à Madlib, il contredit l'idée répandue qu'une consommation excessive de cannabis freine l'activité, tant on sait que l'homme part en immersion dans sa collection de vinyls, en une apnée prolongée par ses adjuvants fétiches, la weed et le café. Et le cognac ? Il en fait un usage très particulier dont je vous informe très prochainement...
Vous allez bien sûr me demander quel est le dixième sur la liste. Je l'ignore. Si cette liste s'arrête à neuf, ce n'est pas pour faire l'intéressant, c'est juste que j'hésite encore sur l'album manquant. J'hésite. Flying Lotus, The Roots avec ou sans John Legend, Aloe Blacc, Push Up, Baiana System, The Dead Weather, Blundetto, Moussu T (pour seulement quatre titres aux paroles si bien tournées), etc, etc... Une liste est par définition trop lapidaire, arbitraire. Je préfère l'idée de laisser la porte ouverte.
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