samedi 26 février 2011

Lee Fields et Charles Bradley en Cosmic Groove Session


Le JAM était complet hier soir, plein comme un œuf pour cette première Cosmic Groove Session de 2011, qui proposait une belle affiche : Charles Bradley & The Menahan Street Band et Lee Fields & The Expressions! Autrement dit, deux chanteurs soul vétérans accompagnés par les meilleurs musiciens qui soient pour recréer un son vintage.

J'arrive in extremis pour voir Charles Bradley monter sur scène. C'est lui qui ouvre le bal. Pas de round d'observation, pas de tour de chauffe, il est à fond tout de suite. D'une intensité rare. Petit homme au ventre replet, il donne d'emblée de la voix. Et par le simple effet de cette voix, il ouvre une faille spatio-temporelle qui pourrait nous faire croire que nous sommes projetés quarante ans en arrière, à des milliers de kilomètres d'ici. J'exagère peut-être un peu mais si vous fermez les yeux, croyez-moi, vous y êtes.


Il esquisse quelques pas de danse, mime des mouvements du bassin explicites qui soulèvent les cris de la salle. Il peut compter sur la présence de son mentor Thomas Brenneck à la guitare, celui qui l'a aidé à accoucher des chansons qui composent son album. Comme le confiait celui-ci à Wegofunk : "il ne chante que ce qu’il connait et je l’ai aidé à mettre ça en chansons. Il met beaucoup de lui-même dans ses chansons, tous ses textes signifient quelque chose pour lui. Alors bien sûr parfois certains peuvent parfois paraitre simples mais ils s’inspirent de son vécu et signifient beaucoup pour lui. Il est très sincère". On reconnaît quelques titres de l'album, comme "The World (Is Going Up in Flames)" ou "Why Is It so Hard", voire une surprenante reprise de Neil Young, "Heart of Gold"...

Malheureusement, il reste à peine une demi-heure sur scène. Le groupe enchaîne sur un instrumental mais, alors qu'on s'attendait à quelques changements de casquette et d'instruments de la part des musiciens, car on sait bien que les mêmes musiciens constituent l'ossature du Menahan Street Band et des Expressions!, personne ne bouge. Réalités économiques obligent, ce qui était présenté comme The Expressions! et The Menahan Street Band pour accompagner les chanteurs ne fut que The Expressions!, ou un mixte des deux. Malgré l'incroyable consanguinité liant ces deux groupes mais aussi les Dap-Kings, The Budos Band, El Michels Affair, Antibalas, etc..., on est quand même un peu déçu sur le coup. Mais qu'importe, ce n'est pas tous les soirs qu'on voit un groupe pareil, avec Thomas Brenneck, guitariste-pilier, Leon Michels, au saxophone, Dave Guy à la trompette et au tambourin, Aaron Johnson au trombone ou Homer Steinweiss à la batterie et Nick Movshon à la basse.

Avec eux, l'accompagnement est tout un art et cet art de l'accompagnement est celui de la discrétion. Jamais personne, ce soir, ne prit un solo. On avance compact et groupé, au service de ces deux voix extraordinaires.

Lee Fields est la vraie vedette de la soirée. A la différence de Charles Bradley, Lee Fields la joue au métier. Sans mettre ses tripes sur la table. Performer de grande classe, il prend les choses en main, façon meneur de revue. Il se lance dans un duo guitare-voix avant que le groupe ne les rejoigne sur la fin du morceau, rend hommage aux ladies en chantant son morceau... "Ladies". A l'aise, il possède toute la panoplie du vieux briscard.


Lors des rappels, nous sommes ravis de revoir Charles Bradley interpréter un titre de plus. Si la soirée est un moment fort, c'est d'abord parce qu'il a cassé la baraque. Au final, qu'une soirée paraisse trop courte est plutôt bon signe mais on aurait aimé voir Charles Bradley sur un set aussi long que celui de Lee Fields, et non comme une simple première partie. Enorme malgré tout. Et rare...

Avons-nous répondons à la question de jeudi pour présenter la soirée : faut-il être vieux pour être un chanteur de soul crédible ? Non, nous n'y avons pas encore répondu... Eux, oui...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire