Peut-on envisager le funk, en 2011, sans l'appréhender dans une perspective globale, dans l'esprit plus qu'à la lettre ? C'est en tout cas les bras grands ouverts sur le Monde que le prolifique Shawn Lee s'y adonne. Comme les Whitefield Brothers qui déclarent jouer du world funk, et qui l'ont brillamment démontré avec leur superbe album Earthology, Shawn Lee brasse ses influences sur un spectre large, de toutes provenances : Congo, Brésil, Thaïlande, Inde, Egypte, Ethiopie, tout en gardant le fil du groove avec une guitare acérée pour faire office de lien.
Américain basé à Londres, Shawn Lee s'est longtemps caché derrière un masque de léopard, voire sous un avatar (on soupçonne qu'il soit le mystérieux Clutchy Hopkins, convié ici sur un titre, bonne blague, et avec qui il a déjà enregistré un album), cette fois-ci c'est avec son Ping Pong Orchestra qu'il envisage son voyage mondial avec le funk comme véhicule tout-terrain. Comme Shawn Lee est un multi-instrumentiste et qu'il joue de presque tous les instruments sur ce disque, il s'adjoint quelques invités, pour ne pas voyager seul et parce que chacun de ces invités contribue à donner une couleur particulière au morceau qu'il interprète. On retrouve ainsi Curumin pour la touche brésilienne, Natacha Atlas pour la couleur orientale, Chhom Nimol, la chanteuse cambodgienne de Dengue Fever, le trompettiste Michael Leonhart (El Michels Affair), Elliot Bergman (NOMO), Bardo Martinez (Chicano Batman), ou encore sa belle-mère Nanny G, Indienne de la diaspora !
L'ouverture de Shawn Lee sur les musiques du monde n'est pas nouvelle, souvenons-nous qu'avec Bei Bei, virtuose chinoise du ghuzeng, cithare chinoise dont Lucie Rault décrit le son comme "un vol d’oies sauvages sur les cordes de soie", il sortait Into The Wind, en 2010. Comme il est prolifique, l'an dernier, il sortait également Sing a Song et, déjà avec son Ping Pong Orchestra, une relecture funky de thèmes classiques (Satie, Strauss, Ravel, etc...) Hooked Up Classics !
Pour se mettre au diapason de cette quête universelle du funk, Shawn Lee empoigne les plus divers des instruments : sitar, des luths indiens qui "bourdonnent" comme l'ektar (monocorde) ou le tampura, le Bulbul tarang, le bouzouki, le guitarron, le charango, le balafon, le vibraphone, le xylophone, la kalimba, le steel drum, les crotales gnawa, le talking drum ou encore l'udu. Mais qu'on ne s'y trompe pas, si tous ces instruments semblent sortir de la caverne d'Ali Baba dont les musiciens rêvent la nuit, ce ne sont pas eux qui constituent l'essentiel de l'orchestration de World of Funk. C'est la guitare qui domine, qui fuzze et sert de point de ralliement alors que les instruments "du Monde" ne contribuent qu'à donner quelques touches de couleur aux morceaux. C'est même la déception que réserve cet album : de les voir sur la pochette, de lire leur liste dans le texte de présentation insistant sur le fait que c'est Shawn lui-même qui en joue, nous laissait supposer qu'ils auraient bénéficier de plus d'espace.
Sur World of Funk, c'est donc le funk qui est l'idiome universel. On trouve en effet des variantes de cette pulsation ravageuse un peu partout sur le globe. Comme le dit Shawn Lee, "Turkish Psych, Thai Funk, African Disco, Cambodian rock, Brazilian soul. If you can say it, it exists" ("psyché turc, funk thaï, disco africaine, rock cambodgien, soul brésilienne. Si tu peux le nommer, c'est que ça existe"). Alors il brasse toutes ses sonorités dans sa marmite de funk. On retrouve les détours obligés du moment. Un peu de d'éthio-jazz, une influence colombienne... Il y a également un likembé au son distordu façon Konono n°1, joué ici par Elliot Bergman, son qu'il avait déjà adopté avec son groupe NOMO et qui l'a fasciné au point que depuis il fabrique lui-même ses propres likembés. Natacha Atlas participe à certains des titres les plus réussis, "Cairo Cairo" et "The Might Atlas", tant avec sa voix de diva orientale post-world, elle a l'expérience des expérimentations les variées et se coule aisément dans la musique de Shawn Lee.
Mais cela répond-il à la question de départ : doit-on aujourd'hui adopter une approche globale pour jouer du funk ? Certes non, on peut se contenter de cultiver ses fondamentaux J.Besques et autres, mais l'ouverture sur d'autres horizons musicaux permet d'aérer un genre qui risque de sentir le rance à force de n'être plus qu'un travail de réplique, certes minutieux pour être aussi fidèle que possible à l'original. Passé cet écueil, un horizon s'ouvre effectivement, on peut voguer vers le large. "Comme beaucoup de musiciens occidentaux, mes oreilles ont été séduites par les sons exotiques de l'Est et au-delà, raconte Shawn Lee. Dans le même temps, de nombreux musiciens autour du Monde ont été inspirés par la musique d'Amérique et d'Angleterre. Ce que nous avons là est un langage universel. Quand on s'abâtardit mutuellement nos sons et musiques et qu'on se plante - on est quand même dans le vrai. C'est en mutation et devient quelque chose d'extraordinaire. Ca, c'est funky !" ("Like many western musicians, my ears have been seduced by the exotic sounds of the East and beyond. By the same token, many musicians from around the world have been inspired by the music of America and England as well. What we’ve got here is a universal language. When we bastardize each other’s sounds/ music and get it wrong – we get it so right. It mutates and becomes something extraordinary. Now that is funky!").
Assez bizarrement après ce qui vient d'être dit, le reproche que l'on pourrait faire à World of Funk serait le manque de diversité des morceaux qui, malgré les différents chanteurs, semblent tous sortir du même moule. On attend maintenant qu'une approche aussi ouverte du funk nous offre un album aux compositions plus variées et inspirées. En attendant, ce World of Funk fait déjà bien l'affaire.
L'ouverture de Shawn Lee sur les musiques du monde n'est pas nouvelle, souvenons-nous qu'avec Bei Bei, virtuose chinoise du ghuzeng, cithare chinoise dont Lucie Rault décrit le son comme "un vol d’oies sauvages sur les cordes de soie", il sortait Into The Wind, en 2010. Comme il est prolifique, l'an dernier, il sortait également Sing a Song et, déjà avec son Ping Pong Orchestra, une relecture funky de thèmes classiques (Satie, Strauss, Ravel, etc...) Hooked Up Classics !
Pour se mettre au diapason de cette quête universelle du funk, Shawn Lee empoigne les plus divers des instruments : sitar, des luths indiens qui "bourdonnent" comme l'ektar (monocorde) ou le tampura, le Bulbul tarang, le bouzouki, le guitarron, le charango, le balafon, le vibraphone, le xylophone, la kalimba, le steel drum, les crotales gnawa, le talking drum ou encore l'udu. Mais qu'on ne s'y trompe pas, si tous ces instruments semblent sortir de la caverne d'Ali Baba dont les musiciens rêvent la nuit, ce ne sont pas eux qui constituent l'essentiel de l'orchestration de World of Funk. C'est la guitare qui domine, qui fuzze et sert de point de ralliement alors que les instruments "du Monde" ne contribuent qu'à donner quelques touches de couleur aux morceaux. C'est même la déception que réserve cet album : de les voir sur la pochette, de lire leur liste dans le texte de présentation insistant sur le fait que c'est Shawn lui-même qui en joue, nous laissait supposer qu'ils auraient bénéficier de plus d'espace.
Sur World of Funk, c'est donc le funk qui est l'idiome universel. On trouve en effet des variantes de cette pulsation ravageuse un peu partout sur le globe. Comme le dit Shawn Lee, "Turkish Psych, Thai Funk, African Disco, Cambodian rock, Brazilian soul. If you can say it, it exists" ("psyché turc, funk thaï, disco africaine, rock cambodgien, soul brésilienne. Si tu peux le nommer, c'est que ça existe"). Alors il brasse toutes ses sonorités dans sa marmite de funk. On retrouve les détours obligés du moment. Un peu de d'éthio-jazz, une influence colombienne... Il y a également un likembé au son distordu façon Konono n°1, joué ici par Elliot Bergman, son qu'il avait déjà adopté avec son groupe NOMO et qui l'a fasciné au point que depuis il fabrique lui-même ses propres likembés. Natacha Atlas participe à certains des titres les plus réussis, "Cairo Cairo" et "The Might Atlas", tant avec sa voix de diva orientale post-world, elle a l'expérience des expérimentations les variées et se coule aisément dans la musique de Shawn Lee.
Mais cela répond-il à la question de départ : doit-on aujourd'hui adopter une approche globale pour jouer du funk ? Certes non, on peut se contenter de cultiver ses fondamentaux J.Besques et autres, mais l'ouverture sur d'autres horizons musicaux permet d'aérer un genre qui risque de sentir le rance à force de n'être plus qu'un travail de réplique, certes minutieux pour être aussi fidèle que possible à l'original. Passé cet écueil, un horizon s'ouvre effectivement, on peut voguer vers le large. "Comme beaucoup de musiciens occidentaux, mes oreilles ont été séduites par les sons exotiques de l'Est et au-delà, raconte Shawn Lee. Dans le même temps, de nombreux musiciens autour du Monde ont été inspirés par la musique d'Amérique et d'Angleterre. Ce que nous avons là est un langage universel. Quand on s'abâtardit mutuellement nos sons et musiques et qu'on se plante - on est quand même dans le vrai. C'est en mutation et devient quelque chose d'extraordinaire. Ca, c'est funky !" ("Like many western musicians, my ears have been seduced by the exotic sounds of the East and beyond. By the same token, many musicians from around the world have been inspired by the music of America and England as well. What we’ve got here is a universal language. When we bastardize each other’s sounds/ music and get it wrong – we get it so right. It mutates and becomes something extraordinary. Now that is funky!").
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