Une des plus grandes voix du Monde vient de s'éteindre. De Cesaria Evora, on disait qu'elle avait mis l'archipel du Cap-Vert sur la carte du Monde. A-t-elle vraiment fait connaître les mornas et coladeras au public international ? Elle a surtout fait passer un frisson et touché l'universel. Elle était aussi la preuve que le chant se contrefout de l'hygiène de vie que lui prescrivait ses médecins.
Révélée à presque cinquante ans, Cesaria Evora avait dans son chant une vie d'épreuves, une vie à chanter dans les bars, une vie et des amours déçues. Que serait devenue sa voix si elle n'avait pas bu et fumé autant ? Si elle n'avait pas souffert en amour ? Si elle n'avait pas été, aussi et surtout, une bonne vivante qui aimait bien rigoler ?
José da Silva, le patron de Lusafrica, l'homme et le label qui l'ont révélée, a eu la bonne idée de rééditer ses premiers enregistrements quand elle chantait pour Radio Mindelo. Âgée d'une vingtaine d'années seulement, elle n'était alors qu'une charmante jeunette au beau brin de voix. Elle chantait déjà parfaitement juste mais sa voix ne portait pas encore cette émotion bouleversante qui fera d'elle cette grande dame de la chanson, cette "diva aux pieds nus".
Le répertoire qui figure sur ces premières sessions a été revisitée par Cesaria durant toute sa carrière, nous en avons choisi deux exemples :
Cesaria Evora, "Sangue de Beirona", Radio Mindelo - Early Recordings (mp3 320kbps)
Cesaria Evora, "Sangue de Beirona", Cabo Verde (1997) mp3 320 kbps
En apprenant sa mort, j'ai repensé à l'article de Véronique Mortaigne pour Le Monde, publié en septembre dernier, "Au Bord du vide, Cesaria Evora tira sa révérence" (23/9/2011). La mort dans l'âme, elle venait d'annuler tous ses prochains concerts et annonçait sa retraite définitive. Alors qu'elle avait fêté ses soixante-dix ans l'été dernier, ce qui avait eu raison d'elle, apprenait-on, n'était pas l'alcool ni le tabac mais les... chips !
"Un jour, cet été, une enfant est venue chez moi, elle avait un petit paquet de chips à la main. Je voulais les goûter, mais je n'osais pas lui demander. Quand elle est partie, j'ai demandé à Piroque d'aller m'en acheter. Le jour suivant, pareil, et ainsi de suite". Ainsi de suite... Cesaria ne savait visiblement pas s'arrêter... "J'aime le goût du sel et le croquant. Avec une petite bière, non ? Vous voyez comment c'est, les petits paquets de chips portugaises ? Si on m'avait laissé en acheter un, je vous aurais montré". Incorrigible !
Cesaria était peut-être compulsive, célèbre pour sa générosité, elle possédait aussi une sagesse qui concluait par une morale cette histoire : "la petite fille aux chips n'est pas responsable, on n'a pas à envier ce que l'autre tient dans sa main".
Révélée à presque cinquante ans, Cesaria Evora avait dans son chant une vie d'épreuves, une vie à chanter dans les bars, une vie et des amours déçues. Que serait devenue sa voix si elle n'avait pas bu et fumé autant ? Si elle n'avait pas souffert en amour ? Si elle n'avait pas été, aussi et surtout, une bonne vivante qui aimait bien rigoler ?
José da Silva, le patron de Lusafrica, l'homme et le label qui l'ont révélée, a eu la bonne idée de rééditer ses premiers enregistrements quand elle chantait pour Radio Mindelo. Âgée d'une vingtaine d'années seulement, elle n'était alors qu'une charmante jeunette au beau brin de voix. Elle chantait déjà parfaitement juste mais sa voix ne portait pas encore cette émotion bouleversante qui fera d'elle cette grande dame de la chanson, cette "diva aux pieds nus".
Le répertoire qui figure sur ces premières sessions a été revisitée par Cesaria durant toute sa carrière, nous en avons choisi deux exemples :
Cesaria Evora, "Sangue de Beirona", Radio Mindelo - Early Recordings (mp3 320kbps)
Cesaria Evora, "Sangue de Beirona", Cabo Verde (1997) mp3 320 kbps
Cesaria Evora, "Mar Azul", Radio Mindelo - Early Recordings (mp3 320kbps)
Cesaria Evora, "Mar Azul", Mar Azul (1991) (mp3 320kbps)En apprenant sa mort, j'ai repensé à l'article de Véronique Mortaigne pour Le Monde, publié en septembre dernier, "Au Bord du vide, Cesaria Evora tira sa révérence" (23/9/2011). La mort dans l'âme, elle venait d'annuler tous ses prochains concerts et annonçait sa retraite définitive. Alors qu'elle avait fêté ses soixante-dix ans l'été dernier, ce qui avait eu raison d'elle, apprenait-on, n'était pas l'alcool ni le tabac mais les... chips !
"Un jour, cet été, une enfant est venue chez moi, elle avait un petit paquet de chips à la main. Je voulais les goûter, mais je n'osais pas lui demander. Quand elle est partie, j'ai demandé à Piroque d'aller m'en acheter. Le jour suivant, pareil, et ainsi de suite". Ainsi de suite... Cesaria ne savait visiblement pas s'arrêter... "J'aime le goût du sel et le croquant. Avec une petite bière, non ? Vous voyez comment c'est, les petits paquets de chips portugaises ? Si on m'avait laissé en acheter un, je vous aurais montré". Incorrigible !
Cesaria était peut-être compulsive, célèbre pour sa générosité, elle possédait aussi une sagesse qui concluait par une morale cette histoire : "la petite fille aux chips n'est pas responsable, on n'a pas à envier ce que l'autre tient dans sa main".
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