samedi 3 décembre 2011

Fanga : les dix ans d'un groupe-phare de l'afrobeat international


Il est rare, voire même presque inédit, que nous ayons l'occasion de présenter un artiste ou une formation originaire de Montpellier dans nos colonnes. Avec Fanga, nous tenons un des rares groupes locaux à avoir une stature internationale. Alors que Fela, son inventeur, est déjà mort depuis quinze ans, l'afrobeat connaît depuis quelques années un incroyable destin. S'il sort des groupes jouant de l'afrobeat au quatre coins du globe, Fanga fait partie des plus anciens. Le groupe, dont le nom signifie "force de conviction" en dioula, a fêté ses dix ans par un live, sorti ces dernières semaines en CD et DVD : Afrokaliptyk Nation - Live at Victoire II. Une allusion à leur premier album, en 2003, qui s'appelait Apokaliptyk !


Le concert a été enregistré il y a un an, presque jour pour jour, à la salle Victoire 2, comme le titre de l'album le laisse deviner... Car si partout on trouve des salles des fêtes, la salle s'appelle Victoire à Montpellier ! Ce soir-là, je n'y étais pas. Ce 4 décembre 2010, j'étais au JAM pour découvrir sur scène le funk nippon d'Osaka Monaurail. Qu'à cela ne tienne, voici quelques images du groupe sur scène lors de cette soirée de 2010.

Si d'emblée Fanga s'est émancipé du maître en proposant ses propres compositions, pour cet extrait du concert, on voit le groupe rendre hommage à l'inventeur de l'afro beat, Fela. Ils reprennent en effet "ITT", un morceau qui figure sur l'album Black President. Pour Fela, ITT est l'acronyme de "International Thief Thief", une façon pour Fela de désigner la multinationale américaine ITT, l'International Telephone and Telegraph. Il y dénonçait violemment la corruption des dirigeants africains et l'exploitation et le pillage des ressources du continent par les multinationales.

Fela est mort il y a quinze ans. Il aurait vécu, il se serait cassé la voix à haranguer son public sans que rien ne change. Son répertoire de Fela a gardé toute son acuité aujourd'hui. Tant mieux pour cette musique indémodable, inusable et incendiaire, hélas pour l'Afrique car rien n'a changé... Que Fanga reprenne "ITT" souligne combien l'Afrique se fait encore voler ses richesses... Vu de l'Hexagone, ce morceau prend une résonance particulière : on ne pense plus à une multinationale américaine mais à des compagnies françaises qui engrangent des milliards de bénéfice sans toutefois payer beaucoup d'impôts et, bien sûr, exploite sans vergogne ressources et populations. Vu d'ici, "ITT" à la sauce Fanga, c'est aussi une dénonciation de cette fameuse Françafrique.


Longue vie à Korbo et aux musiciens de Fanga, la prochaine fois que le groupe fêtera un anniversaire sur son fief montpelliérain, promis, j'essaierai d'être là ! 

A signaler, un article sur "ITT" sur le blog des profs d'Histoire-Géo...

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