lundi 29 novembre 2010

Le Zen expliqué aux enfants (et aux plus grands) par Jon J Muth

Avec Petits Contes Zen (ed. Circonflexe), Jon J. Muth s'attache à expliquer le zen aux enfants. Ce brillant illustrateur d'albums jeunesse et de BD a depuis publié deux autres ouvrages sur ce thème, dont un seul est pour l'instant traduit en français.

Dans ce premier volet, le panda Eau-Paisible, pardon : l'ours "qui parlait avec un léger accent panda", raconte une histoire à chacun des trois enfants qui vient le voir. Il ne s'agit pas d'un énigmatique kōan, plutôt d'un bref récit empreint de sagesse et inspiré de la littérature bouddhiste ou taoïste. Je reproduis l'un d'entre eux...
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Un Lourd Fardeau

Deux moines pèlerins arrivèrent un jour dans une ville où une femme attendait qu'on l'aide à descendre de sa chaise à porteurs. La pluie avait laissé des flaques très profondes, et la femme ne pouvait les traverser sans salir sa robe. Elle était immobile, l'air impatient, très en colère, et grondait ses serviteurs. Ne sachant pas où poser les paquets qu'ils portaient pour elle, ils ne pouvaient l'aider à franchir les flaques.

Le plus jeune moine remarque la femme, ne dit rien, et poursuivit son chemin. Le plus vieux la souleva d'un seul geste, la jucha sur son dos, lui fit traverser l'eau et la déposa de l'autre côté. Après quoi, sans un mot de remerciement pour le vieux moine, la femme se contenta de le renvoyer puis tourna les talons.

Comme les deux moines avaient repris leur marche, le plus jeune, l'air préoccupé, ruminait cette histoire. Au bout de plusieurs heures, incapable de garder le silence, il éclata : "cette femme, tout à l'heure, a été très égoïste et grossière. Tu l'as prise sur tes épaules pour l'aider à traverser l'eau et, en retour, elle ne t'a même pas remercié !"

"J'ai porté cette femme il y a des heures, répondit le vieux moine. Pourquoi, toi, continues-tu à la porter ainsi ?"...
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Point n'est besoin d'une longue méditation pour savourer ce message. Simple n'est pas facile. Se défaire de certains "fardeaux"  représente parfois un labeur de plusieurs années, croyez-moi. Mais ô combien plus sage et apaisant que de s'abrutir d'un toxique : "la vengeance est un plat qui se mange froid".



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