Jamais période de Toussaint ne m'aura semblé aussi terrible. Il y a quelque chose d'oppressant à constater tous ces décès. Le dernier en date : Gregory Isaacs, même pas soixante ans, cancer du poumon. Il figurait encore en couverture du Wax Poetics de ce mois. Il y aurait pourtant quelque indécence à s'attarder ici sur son cas alors que la région est en deuil et orpheline, vraiment. Contribution modeste donc, où je ressors de mes tiroirs la notice que je lui avais consacré pour le Guide Totem des Musiques du Monde, dirigé par François Bensignor et paru il y a une dizaine d'années chez Larousse. D'où la sécheresse de ton, d'usage dès lors que l'on écrit pour un dictionnaire...
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Gregory Isaacs est LE crooner reggae par excellence, un des artistes les plus aimés en Jamaïque, comme en témoignent ses surnoms de Cool Ruler, Mr. Love ou Dancehall Don.
En 1969, Gregory enregistre "Another Heartache", son premier 45 tours, puis rejoint brièvement le trio vocal, The Concordes, sans grand succès. Il repart en solo dès 1970 avec le producteur Rupie Edwards. Au long de sa prolifique carrière (plus de 400 disques dont au moins quatre-vingt albums), il travaille avec les meilleurs producteurs de l'île : Sly & Robbie, Lee Perry, "Gussie" Clarke… Parallèlement à sa carrière internationale, il continue d'enregistrer sur son propre label, African Museum, fondé en 1973 avec Errol Dunkley. Il collectionne les succès, comme "All I Have Is Love", en 1973, "Soon Forward" et "Cool Ruler" en 1978, "Night Nurse", en 1982. Ce dernier titre désigne également la cocaïne, "la plus grosse erreur de ma vie" dit-il, qui lui coûte séjour à l'ombre et passages à vide.
Si dans les années soixante-dix, il n'hésite pas à écrire des paroles à forte charge sociale, comme "Slavemaster" ou" Mr. Cop", ce sont les chansons d'amour, où sa voix langoureuse fait merveille, qui font sa légende. Après tout, "seul l'amour peut gagner la guerre" reconnaît-il.
O.C.
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