On a appris la nouvelle hier soir : Ari Up, fondatrice de The Slits, s'est éteinte à l'âge de quarante-huit ans. Putain, quarante-huit ans ! C'est Johnny Lydon, alias "Rotten", son beau-père (même s'ils n'avaient que six ans d'écart), qui a annoncé sur son site la funeste nouvelle.
De son vrai nom Arianna Forster, Ari Up est une figure essentielle du mouvement punk. C'est elle qui a fondé The Slits, premier girl group du genre. Comme l'écrit Zoe Street Howe, leur biographe, pour le magazine The Quietus, "elles étaient comme des Suffragettes punks et si elles étaient importantes, ce n'est pas seulement parce qu'elles ont ouvert des portes pour les femmes, mais parce qu'elles ont amené de la couleur dans le noir et blanc de la fin des 70's et nous ont rappelé que la musique et l'art pouvaient être fun".
The Slits est un groupe punk. Vraiment punk même si leur musique ne l'était pas toujours. Son nom, "Les Fentes", est un bel exemple de cet esprit provocateur. Leurs concerts étaient punk ! Pour Greil Marcus, comme il l'écrivait dans Lipstick Traces, ils étaient même l'essence même du punk :
"Vociférant, poussant des cris aigus, battant leur guitare comme on bat du fléau, les filles s'accrochent à la mesure, trouvent un rythme, commencent à le mettre en place. Le rythme s'échappe, elles lui donnent la chasse, le rattrapent et continuent à avancer. Des petits cris perçants, des couinements, des feulements, des gémissements, bruits féminins incontrôlés jamais proposés avant comme pop music, volent à travers l'air. Les Slits marchent main dans la main à travers un orage qu'elles ont elles-mêmes créé. C'est un accomplissement de joie et de vengeance, un chant d'exercices guerriers".
Mais, en 1979, leur premier album Cut est plutôt représentatif de l'attirance des filles pour le reggae. C'est d'ailleurs à Dennis Bovell, bassiste de LKJ, qu'est confié le soin de le produire. Ari Up a toujours été attiré par le reggae et la Jamaïque et, comme elle était née allemande, Bovell blaguait en disant que son accent était "Ger-maican".
Cut est punk pourtant. Elles veulent jouer du reggae mais ne sont pas assez bonnes musiciennes pour cela. Détail qui plairait à un vieux sambiste : on entend parfois une boîte d'allumettes donner le tempo. Cut est punk pour sa pochette où elles posent les seins nus couvertes de boue. Autre détail qui fait d'autant mieux ressortir, par contraste, la transgression du geste : le rosier à l'arrière-plan.
The Slits est un groupe punk. Vraiment punk même si leur musique ne l'était pas toujours. Son nom, "Les Fentes", est un bel exemple de cet esprit provocateur. Leurs concerts étaient punk ! Pour Greil Marcus, comme il l'écrivait dans Lipstick Traces, ils étaient même l'essence même du punk :
"Vociférant, poussant des cris aigus, battant leur guitare comme on bat du fléau, les filles s'accrochent à la mesure, trouvent un rythme, commencent à le mettre en place. Le rythme s'échappe, elles lui donnent la chasse, le rattrapent et continuent à avancer. Des petits cris perçants, des couinements, des feulements, des gémissements, bruits féminins incontrôlés jamais proposés avant comme pop music, volent à travers l'air. Les Slits marchent main dans la main à travers un orage qu'elles ont elles-mêmes créé. C'est un accomplissement de joie et de vengeance, un chant d'exercices guerriers".
Mais, en 1979, leur premier album Cut est plutôt représentatif de l'attirance des filles pour le reggae. C'est d'ailleurs à Dennis Bovell, bassiste de LKJ, qu'est confié le soin de le produire. Ari Up a toujours été attiré par le reggae et la Jamaïque et, comme elle était née allemande, Bovell blaguait en disant que son accent était "Ger-maican".
Cut est punk pourtant. Elles veulent jouer du reggae mais ne sont pas assez bonnes musiciennes pour cela. Détail qui plairait à un vieux sambiste : on entend parfois une boîte d'allumettes donner le tempo. Cut est punk pour sa pochette où elles posent les seins nus couvertes de boue. Autre détail qui fait d'autant mieux ressortir, par contraste, la transgression du geste : le rosier à l'arrière-plan.
Après un troisième album deux ans plus tard, Return of Giant the Slits, le groupe se sépare. Ari Up n'a même pas vingt ans (d'où aussi notre étonnement à ce qu'elle n'ait, finalement, que quarante-huit ans). Comme elle le racontait récemment à Pitchfork : "Quand The Slits ont cassé, j'avais vingt ans. J'étais enceinte de jumeaux sans le savoir. J'ai complètement quitté l'Angleterre pendant les années quatre-vingt. J'ai aussi quitté le monde. J'ai vécu nue dans la jungle pendant un moment, avec mes enfants, et la seule chose que j'écoutais alors, c'était les arbres, l'eau et le vent. J'écoutais le silence, pas de musique du tout. J'étais dans les profondeurs de la jungle au Bélize et en Indonésie. Je vivais avec une tribu de gens, ils chassaient, ce genre de conneries. Je n'écoutais aucune musique. J'écoutais uniquement la jungle".
Vous avez dit punk ? "C'était une force de la nature" dit Zoe Street Howe. Elle a vécu à donf', sans compromis, n'en faisant jamais qu'à sa tête. En 2006, Ari Up a reformé les Slits. En 2009, en même temps que Cut était ré-édité pour son trentième anniversaire, elles ont sorti un nouvel album, Trapped Animal. De celui-ci, le groupe venait de sortir une nouvelle vidéo, "Lazy Slam". Se sachant malade, Ari Up a insisté pour qu'elle soit diffusée à titre posthume. Mais plutôt que cette ambiance dancehall avec sa voix passée par un filtre Autotune, peut-être faut-il se replonger vers les premiers pas du groupe pour saisir toute la portée symbolique qui s'en dégageait...
"Les Slits ont fait leurs débuts sur scène, en première partie des Clash, au Roxy de Londres : elles auront à porter le double fardeau de leur sexe et de leur style, qui repousse les limites du concept d'amateurisme éclairé... Les Slits répondront aux attaques sur leur incompétence en invitant des membres du public à monter sur scène tandis qu'elles quatre descendront danser dans la salle" (Rolling Stone Rock Almanach, 11 mars 1977, cité par Greil Marcus).
Peut-être le geste punk ultime : le groupe dans la fosse et le public qui joue sur scène !
Peut-être le geste punk ultime : le groupe dans la fosse et le public qui joue sur scène !
oh merde je savais pas...
RépondreSupprimerso sad
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