C'est arrivé il y a un peu plus d'un an. Je rentrais en marchant et en nage d'un footing vers Ovalie, autour des vignes de Bugarel, quand je croisais un ado qui me dit : "il est super votre t-shirt, c'est le même que Michael Jackson". Il en était tout souriant le gamin. Oui, effectivement, pour aller courir j'enfile fréquemment mon t-shirt Olodum que j'avais, en bon touriste, ramené de Salvador. Evidemment mon jeune ne connaissait pas Olodum mais avait vu la vidéo de Michael tournée dans le Pelourinho. De mon côté, je n'avais jamais pensé un seul instant à Michael quand je portais ce t-shirt d'Olodum. Olodum est tout simplement une institution dont je respecte le travail social et dont j'apprécie la musique, et son rythme typiquement bahianais, profondément contagieux.
Quelques semaines plus tard, il y a exactement un an aujourd'hui, Michael Jackson redevenait, par sa mort, la plus grande star planétaire. C'est ainsi qu'à son insu il est devenu l'homme de l'année.
Depuis cette date, à chaque fois que je revois la vidéo ou que j'écoute "They Don't Care About Us", ce que j'ai fait un bon nombre de fois, je me fais la remarque qu'à un certain stade de ses métamorphoses, le physique de Michael Jackson aurait pu être celui naturel d'un Bahianais. Plutôt que le naturel, l'indétermination de son physique n'était pas le fruit d'une miscegenação pluri-centenaire mais d'une obsession chirurgicale.
Un an après, alors que je suis, depuis déjà quelques semaines, entré en mode Bahia (comme les lecteurs de ce blog l'auront remarqué), il me semble important de rappeler qu'au delà des apparences, si Michael Jackson était autant aimé de part le Monde, c'est parce qu'il était la voix des sans-voix, des laissés pour compte. Le "cantor das multidões", comme les Brésiliens le disait d'Orlando Silva, le chanteur des masses, des foules anonymes.
Il lui suffisait de chanter "All I wanna say is that / They don't really care about us" pour toucher la fibre universelle, et incarner tous ceux d'en bas, l'immense majorité de l'humanité.
"Michael’s phantasmal, shape-shifting videos, upon reflection, were also, strangely enough, his way of socially and politically engaging the worlds of other real Blackfolk from places like South Central L.A., Bahia, East Africa, the prison system, Ancient Egypt. He did this sometimes in pursuit of mere spectacle (“Black and White”), sometimes as critical observer (“The Way You Make Me Feel”), sometimes as a cultural nationalist romantic (“Remember the Time”), even occasionally as a harsh American political commentator (“They Don’t Care About Us”). "
Par contre, personne en France, même dans les médias spécialisés, n'a relevé que le 31 octobre 2009, Neguinho do Samba, fondateur d'Olodum et "inventeur" du samba-reggae, nous avait quitté, à seulement 54 ans.
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