Qu'est-ce qui peut bien m'inciter à mettre en ligne une "œuvre de jeunesse" aussi lyrique que cet article "La Sudation du Monde", publié en 1997 ? Toujours cette série entamée avec Caetano puis Gal, consacrée à ma découverte de la musique brésilienne, il y a une vingtaine d'années.
Avec la chaleur, la sueur commence à accompagner nos mouvements. Chaque jour, la montée de la rue de la Figairasse à vélo me voit arriver au boulot avec le textile qui colle au corps. Et c'est justement cette arrivée des beaux jours qui nous a replongé dans le bain brésilien où je vais tremper tout l'été. L'occasion de ces quelques textes à l'usage des jeunes générations évoquant ma découverte, en des temps reculés, de la musique brésilienne.
Outre Caetano, s'il est un artiste qui devait tenir une place centrale dans cette rétrospective, c'est bien Carlinhos Brown.
Je crois que je n'ai jamais attendu avec autant d'impatience que le sien le premier album d'un artiste. Cela faisait déjà un moment qu'avec quelques amis nous suivions sa carrière. La première fois que j'ai vu son nom crédité, c'était en 1989, sur le premier album de musique brésilienne que j'ai jamais acheté, l' Estrangeiro de Caetano Veloso. Il était l'auteur de la chanson "Meia-Lua Inteira" et jouait des percus sur la moitié des titres. J'ignorais alors bien qui était ce type mais son nom justement "percutait" bien.
Après, on pouvait suivre sa trace : quelques participations ou compos de ci, une interview de là. Et, surtout, les descriptions que nous donnaient nos amis bahianais, André Lemos, Goli et Nadja, des répétitions publiques de Timbalada dans le Candéal. Vous les entendiez vous racontez ça et, tout de suite, compreniez que c'était là, the place to be.
Fin 1996, j'ai enfin eu la chance de le découvrir en concert. Il venait de recevoir le Prix RFI pour les musiques du monde et s'est produit pour l'occasion à Paris, sur la scène du Trianon (si je me souviens bien). A l'époque, je vivais depuis quelques mois en reclus, attelé à la rédaction et au bouclage de ma thèse de sociologie consacrée au funk et aux musiques populaires du XXe. siècle. Après ce rude labeur intellectuel, venait le temps de la détente festive. Car Brown sur scène fait feu de tout bois, est capable de faire bouger le plus blasé des publics. Et ce concert de Carlinhos Brown vint étayer tout ce que j'étais en train de décrire dans un cadre académique. Je témoignais dans la conclusion de ma thèse de l'enthousiasme de ces instants, de cette manifestation bahiano-parisienne de l'âme-sueur et c'est l'esprit serein que je pouvais déposer les quelques exemplaires reliés de mon travail au secrétariat de l'université.
Voilà à quoi cela ressemblait alors...
Quelques mois plus tard, même un simple showcase à la Fnac Opéra suffisait pour qu'il mette le feu ! Avec la même ferveur que s'il était sur une grande scène. Ce type ne fait pas semblant et c'est bien cela la qualité première par laquelle le Funk saura reconnaître les siens !
Celui que la presse pauliste qualifiait parfois avec mépris de "semi-analphabète" est bien le seul artiste, avec George Clinton et la Malka Family, ayant influencé l'élaboration de mon attirail conceptuel et donner corps à ma réflexion sociologique. Quand, à étudier le funk, on mesure l'importance de la sueur, réelle ou métaphorique, Brown vient l'incarner physiquement, artistiquement, joyeusement. Oui, la sueur vient lubrifier l'axe de rotation des rythmes du Monde.
Celui que la presse pauliste qualifiait parfois avec mépris de "semi-analphabète" est bien le seul artiste, avec George Clinton et la Malka Family, ayant influencé l'élaboration de mon attirail conceptuel et donner corps à ma réflexion sociologique. Quand, à étudier le funk, on mesure l'importance de la sueur, réelle ou métaphorique, Brown vient l'incarner physiquement, artistiquement, joyeusement. Oui, la sueur vient lubrifier l'axe de rotation des rythmes du Monde.
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