Recette de poisson "à la bahianaise", avec dendê et lait de coco

Saudade da Bahia. Soupirs. Saudade des beaux jours aussi. Re-soupirs. Avant même qu'il n'ait commencé, j'en avais déjà marre de l'hiver, c'est dire. Dans ces moments où j'ai la nostalgie de Bahia, comme mon ventre lui aussi a la nostalgie, je cuisine un plat tout simple mais qui me rappelle certaines saveurs bahianaises. Une sorte de moqueca qui ne dit pas son nom.

Pour leur pouvoir d'évocation, il y a quatre ingrédients indispensables. Du lait de coco, un bouquet de coriandre fraîche, du citron vert et l'indispensable dendê.

Le dendê, c'est l'huile de palme. L'huile de palme a très mauvaise réputation car elle est utilisée sournoisement dans nombre de produits alimentaires par l'industrie agro-alimentaire. La culture des palmiers est également pointée du doigt dans la déforestation  des régions productrices où l'on remplace la forêt par des palmeraies. Il faut surveiller ce que l'on mange, n'est-ce pas, alors achetez le strict minimum de produits transformés susceptibles de contenir de l'huile de palme insipide et autorisez-vous à cuisiner quelques plats au dendê, irremplaçable dans certains cas.

La première étape consiste à découper son poivron. Pas trop fin.

Chauffez votre poêle et versez-y le dendê. A température ambiante, surtout en cette saison, le dendê se présente à l'état solide. Son odeur est très particulière. Quand il a fondu, que sa belle couleur orangée couvre la poêle, versez vos poivrons et faites les dorer. Ajoutez ensuite le lait de coco. C'est le moment où les couleurs se mélangent.

Posez vos morceaux de poisson. Je vous avouerai ne pas être puriste en la matière. Dans l'idéal, il devrait être frais, ce serait même un vermelho, et vous le feriez mariner dans le jus de citron vert et la coriandre hachée. Mais là j'ai utilisé du surgelé que j'ai directement mis à la poêle. Vous y déposez vos morceaux et vous baissez le feu. Tout doux, que la flammèche se contente de lécher doucement le fond de la poêle. Vous couvrez de la coriandre puis vous versez le jus de citron vert. Ne salez pas. Retournez de temps en temps les tranches de poisson afin que la cuisson soit régulière. Je vous laisse estimer le temps nécessaire, il sera suffisant pour prendre l'apéritif tranquille.

Dans le même temps, vous aurez préparé du riz. Personnellement, je trouve la cuisson pilaf plus appropriée mais là encore, les goûts et les couleurs...

Pour le présenter, un plat en terre ramené de Bahia fera parfaitement l'affaire.

Vous pouvez dès lors servir de généreuses portions. Pour l'accompagner, on ne s'obstinera pas à cultiver la saudade, plutôt qu'une bière bem gelada, ce sera encore meilleur avec un verre de vin blanc sec de la région (Côteaux du Languedoc). Ici un modeste mais très agréable Domaine de Rieutort.

Comme je l'annonçais, c'est tout simple, vite prêt, et cela ne nécessite aucun talent de cuisinier. Ce plat peut se préparer au débotté si des amis passent dîner à l'improviste, ou si vous sortez assez tard du boulot, ce qui était le cas. Et mes enfants adorent.

Il ne manque qu'un détail. D'importance. L'accompagnement musical. Là où Bahia donne toute sa mesure. Commençons par quelques sambistes du cru dès l'apéritif pour se mettre dans l'ambiance : Riachão, Batatinha, Ederaldo Gentil, après vous pouvez creuser plus profond vers le roots, pour vraiment adopter la couleur locale, ou conjuguer Bahia au présent avec, par exemple, Baiana System... On n'a que l'embarras du choix alors que c'est déjà le déssert...