Saul Williams est désormais parisien d'adoption. Et, contrairement à ce que j'avais imaginé, c'est lui qui a sollicité la Blogothèque pour le filmer dans les catacombes. Probablement voulait-il connaître le "dessous" de la ville ? C'est donc dans ces galeries souterraines qu'il a donné ce Concert à Emporter. Et quand on parle de "catacombes", il ne s'agit bien entendu pas de celles que l'on visitent officiellement pour découvrir les ossuaires. Non, Saul Williams, une des figures majeures qui ont marqué l'émergence du slam et qui trace depuis sa route très personnelle sans œillères ni barrières, a voulu descendre là où il est interdit de s'aventurer. "C’est Saul qui était venu vers nous, avec une idée précise en tête : il voulait faire un film dans les catacombes de Paris. Les « vraies », celles auxquelles on accède difficilement et illégalement, celles sans guide ni empilements de crânes pour épater la galerie. Il espérait que nous serions assez fous pour le suivre là-dessous. Nous avons été assez fous". Et c'est ainsi que l'on part en immersion avec ce film d'une demi-heure qui résume huit heures passées sous terre avec Saul Williams...
J'avais assisté à un de ces concerts, à l'Elysée Montmartre, lors de la sortie de son premier album Amethyst Rock Star. J'avais été époustouflé. Il était accompagné de sa formation, très rock, qui comptait aussi un violoncelle grinçant. Saul Williams est absolument extraordinaire sur scène. Avec lui, les mots deviennent chair, les mots deviennent souffle. Ils s'échappent de lui comme une foudre le traversant... Stupéfiant. Je n'ai jamais croisé un rappeur qui mette une telle force à s'exprimer !
Cet épisode des catacombes m'évoque des souvenirs, de vieux souvenirs. En regardant le film de Colin Solal Cardo et François Clos avec Saul Williams pour la Blogothèque, je retrouve exactement l'ambiance de ces quelques nuits passés sous terre, en petit groupe, à marcher longtemps les pieds dans l'eau, en baissant la tête avant de parvenir à une salle où s'installer, discuter, boire des coups... Mais, surtout, si je repense aux catacombes, j'ai envie de de vous demander : avez-vous déjà identifié des instants de votre vie qui l'on fait basculer ou qui ont orienté son cours de façon significative ? Ma première visite des catacombes a beaucoup influencé une partie de ma vie pour les quelques années qui l'ont suivie. Elle prit mon héliotropisme à contre-pied, comme nous le verrons...
Ce soir-là, un copain de fac nous proposa à mon meilleur pote et moi de découvrir les catacombes. Avec sa bande de copains, ils connaissaient une entrée vers la porte d'Orléans et savaient s'orienter dans leur dédale de galeries. Car, évidemment, il est interdit de pénétrer dans les catacombes. Comme on le voit au début de ce film, il fallait marcher le long des voies ferrées de l'ancienne petite ceinture avant de trouver, dans un tunnel, un accès. Une fois descendus, les gars qui nous avaient invités se repéraient grâce à une carte et des lampes frontales. Chacun avait prévu de quoi pique-niquer.
Pour s'aventurer dans ces entrailles de Paris, il ne faut pas être claustrophobe. A l'intérieur, aucune lumière si ce n'est les torches, lampes et autres bougies dont vous vous êtes équipés. A l'époque, vers la fin des années quatre-vingt, il y avait tout un tas de légendes urbaines colportées au sujet des catacombes. Des trucs destinés à vous faire flipper ! Il fallait avant toute chose éviter d'y croiser des skinheads. Ce premier soir, nous avions courageusement poursuivi notre marche jusqu'au repère de la "Gestapo des Ondes" (sic). Heureusement vide. Dans cette petite salle, il y avait une table et des chaises assez imposantes et solennelles. Et les murs étaient couverts de graffitis fachos. Nous ne nous y sommes bien sûr pas attardés, au cas où ils décident de se pointer ! Les types qui nous avaient invité se prévalaient d'être branchés, d'avoir participé dans les catacombes aux fêtes dantesques qu'y avait organisé Actuel (ou Nova, je ne sais plus)...
Quiconque veut passer la nuit dans les catacombes doit crapahuter. Les galeries sont souvent humides, voire inondées. Parfois, elles deviennent si basses qu'il faut avancer à quatre pattes, ramper dans certains passages. Au sol, une terre claire sableuse ou argileuse qui vous salit les vêtements et risque de vous démasquer, une fois sortis, si vous veniez à croiser des flics... Il faut dissiper certains préjugés : les catacombes ne sont pas forcément un lieu morbide. On n'y va pas pour se complaire dans un trip gothique, de "corbeaux" comme on disait alors ! Une seule fois, j'ai aperçu des ossements. On n'y allait pas pour ça, mais pour s'offrir une sorte d'aventure à peu de frais, se promener dans un Paris complètement dépaysant.
Ce premier soir, le lieu de destination était, ce qui n'est guère original, la "Plage". Une salle au sol de sable, où une fresque sur un des murs représente une vague... Pour les cataphiles, c'est d'un commun ! C'est en effet un des lieues les plus connus des catacombes et aussi un des plus fréquentés. Arrivés là, avec la bande de potes, on rencontre un autre groupe, constitué d'Anglaises et de Suédois. Et encore c'est la grammaire qui m'oblige à masculiniser le mot car de Suédois, il n'y en avait qu'un, au milieu d'une bande de filles. Nos deux groupes se sont posés, installés pour discuter... Mais, soudain, des fumigènes ont commencé à envahir la "Plage". Il fallut rebrousser chemin dare-dare. Tous en se donnant la main et en suivant celui qui était capable de retrouver le chemin à l'aveugle.
De retour à la surface, dans le tunnel de la Petite Ceinture, nous reprîmes les conversations si brutalement interrompues mais, déjà, les gars qui nous avaient invités déjà se levaient et rentraient. Avec mon pote, nous leur avons donc emboîtés le poids. Mais chemin faisant, quelques pas et quelques mots échangés plus loin, nous décidions de les abandonner pour retrouver ces Anglaises et Suédoises. Qu'auriez-vous fait ?
Pour l'anecdote, nous sommes retournés plusieurs fois avec elles dans les catacombes. Sans les autres. Nous avions simplement photocopié leur carte. Et, comme avec mon pote, on était du genre "petit joueur", nous avions également investi dans une bombe de peinture pour marquer d'un signe chaque carrefour... C'était surtout le début d'une amitié. Pendant les cinq ans qui ont suivi notre volte-face dans le tunnel, une grande partie de ma vie sociale et amoureuse a découlé de cette rencontre initiale et de toutes celles qu'elle a entraînée. Moi qui ai toujours été attiré par le soleil et le Sud, j'ai découvert l'Europe du Nord et la Grande-Bretagne... Mais ces voyages qui forment la jeunesse m'ont aussi fait prendre conscience de notre côté latin. Même si j'ai depuis longtemps perdu tout contact, c'est tout ça que m'évoque ce film avec Saul Williams...
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