mercredi 21 avril 2010

Guru, mort d'un maître

"A lot of rappers got flavor, and some got skills
But if your voice ain’t dope, then you need to chill"
(Gang Starr, "Mostly The Voice")

Keith Elam, plus connu sous le nom de Guru, vient de décéder d'un cancer, à 47 ans. Il était depuis une vingtaine d'années une figure majeure du rap. Tant sur le versant strictly hip hop que dans l'ouverture sur le jazz, sa plume et son flow étaient acérés. Sa collaboration avec DJ Premier, sous le nom de Gang Starr, demeurera un duo de référence, au même titre qu'Eric B. & Rakim, pour son ancrage sur les fondamentaux micro/platines. En parallèle, Guru inaugura la série Jazzmatazz, projet qui œuvrait à la création d'une musique Hip-Hop/Jazz encore relativement inédite.

Il se révéla au grand public, en 1990, par sa participation, avec Gang Starr, à la B.O. du film de Spike Lee, Mo' Better Blues, où figurait leur morceau "Jazz Thing". Un titre qui inscrit, en revisitant l'histoire du jazz, le rap dans l'histoire plus large de la musique noire américaine.

"Now there's young cats blowin'
And more and more people, yes they will be knowin'
Jazz ain't the past, this music's gonna last
and as the facts unfold, remember who foretold
The 90's, will be the decade of
a jazz thing
"



Son héritage est celui de cette ouverture. Il faut s'en souvenir alors que l'idiome Hip-Hop/Jazz est devenu un style si fécond aujourd'hui. De même qu'il faut retenir son attachement à des valeurs et à des thèmes conscious, à rebrousse-poil des dérives commerciales de ses contemporains. Guru, dont le nom était supposé être un acronyme pour Gifted Unlimited Rhymes Universal, était un type intègre. D'où les soupçons d'authenticité qui pèsent sur la lettre qu'il aurait laissé. Lettre où "il" (?) renie violemment son ancien complice DJ Premier, pour confier à son partenaire Solar la gestion de son "héritage". Personne ne semble croire un instant que Guru puisse en être l'auteur : à qui profite le crime ?

Le Hip Hop a perdu un maître.

Pour lire la lettre...
Son obituary dans le New York Times...

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