jeudi 25 mars 2010

La girafe de la rue de la Duée (avant celles du Lunaret)

Enfin, elles arrivent. Qui ça ? Les girafes du zoo de Lunaret, à Montpellier, annoncées depuis déjà deux ans. Elles sont quatre. Mâles. S'ils s'adaptent bien, une femelle devrait les rejoindre d'ici deux ou trois ans. Elles sont déjà là mais ne seront visibles pour le public qu'à partir de la mi-avril.

En attendant, la dernière girafe que j'ai vu de près n'était qu'en peinture, sur une fresque au pochoir signée Mosko et Associés. Cette magnique fresque située rue de la Duée, dans le XXème arrondissement de Paris, a pendant des années égayé le quotidien des habitants du quartier. Elle mettait un peu de savane dans la ville. Rien moins.

Comme toutes les œuvres de leurs auteurs, elles étaient vouées à disparaître au gré des ravalements de façade et rénovations des quartiers populaires en pleine mutation où elles trouvaient place.

En décembre dernier, lors de mon dernier séjour parisien, il restait encore quelques traces de cette savane de la rue de la Duée. Plus pour longtemps. Les murs qui lui servaient de support étaient voués à la démolition prochaine. Longtemps squat d'artistes, à deux pas de la rue de Ménilmontant, à l'angle du Passage des Saint Simoniens, le bâtiment était menacé depuis pas mal d'années déjà.

Si les girafes font partie des espèces menacées de disparition, en va-t-il de même de l'expression artistique sauvage sur les murs de nos villes ? Si les friches et les terrains vagues se réduisent comme peau de chagrin, quel terrain d'expression restera-t-il à nos artistes de l'éphémère et du bitûme ? Pourtant, malgré la pression immobilière et l'inflation des loyers dans mon quartier en voie d'embourgeoisement déjà avancé, j'ai encore trouvé une expression artistique dynamique sur les murs, comme des offrandes en forme de résistance à l'impitoyable logique marchande qui dicte sa loi.

La poésie de ces œuvres tient aussi à leur fugacité : même pas des tatouages, juste de simples décalcomanies sur la peau minérale de Paname mais qui suffisent à notre enchantement.


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