Cosmic Groove, le rendez-vous montpelliérain des musiques soul et funk, inaugurait samedi la première de ses sessions printanières. C'est à Bibi Tanga & The Selenites que revenait la charge de les inaugurer. J'étais impatient de les voir sur scène à double titre : un nouvel album excellent, Dunya, et une vieille nostalgie de la fête en version Malka Family, groupe mythique auquel Bibi et son équipage sont liés par de multiples connections.
Mais je suis sorti finalement assez déçu par leur prestation. Certes, la musique de ce dernier album est parfois lunaire et l'accent n'y est pas mis que sur le côté festif du funk mais Dunya contient pourtant quelques titres ("Be Africa", "It's The Earth That Moves", "Shine"...) qu'on imaginait pouvoir mettre le feu sur le dancefloor dans leur version live. Ce ne fut guère le cas. Et c'est en raison d'un manque d'élan communicatif du groupe. Si le Professeur Inlassable semblait pourtant bien s'amuser de ses bidouillages sonores, si Rico, ex-Malka, était toujours impeccable à la guitare, que dire du jeune violoniste et clavier qui semblait tirer la tronche, bouche pincée, pas un sourire ?
Bien sûr, quand le leader chanteur est aussi le bassiste, rôle pilier dans le funk, cela laisse peu de place pour faire le mariolle et ambiancer comme il se doit. Si on ne demande pas à Bibi Tanga d'être aussi blagueur que Richard Bona, autre bassiste, qui aurait tranquille sa place au Jamel Comedy Club, il aurait quand même fallu un peu plus de lien, d'interaction avec le public. D'autant qu'il n'y avait pas la barrière de la langue. On se souvient que malgré celle-ci, Anthony Joseph, lors de la précédente Cosmic Groove Session, avait su briser la glace et entraîner le public dans son délire, alors que celui-ci ne comprenait pourtant goutte aux paroles complexes de celui-ci. La générosité du bonhomme et la fraîcheur du Spasm Band étaient tout bonnement contagieuses.
Il manquait de la chaleur à la prestation de Bibi Tanga et ses acolytes. Le funk n'est pas qu'une musique on the one, c'est aussi un esprit qu'il convient d'honorer. Et l'esprit du funk n'est pas descendu sur le JAM ce soir-là. You can't fake the funk, a-t-on coutume de dire : dans le funk, tu ne peux pas faire semblant. Or, les Sélénites n'ont pas respecté le conseil de Maître James Brown, dans le funk, faut mouiller le maillot. Tout simplement. L'élégance de leur mise n'y changera rien. Il demeure l'impression d'un manque d'implication. Un concert sans fioritures, probablement le même que la veille. Un seul rappel et un public qui a bien compris que ce n'était pas la peine d'en demander plus... Pour déployer son énergie et se donner au public, Anthony Joseph se met dans les bonnes dispositions en buvant du rhum, abondamment semble-t-il. Pour se décoincer et se livrer plus généreusement, peut-être que Bibi Tanga et les Sélénites devraient consommer quelques verres de ce vin rouge dont ils chantent les vertus dans leur single ?
Je suis peut-être un peu sévère mais si j'ai été quelque peu frustré de leur performance, au moins je ne me lasse pas de l'album...
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