dimanche 3 janvier 2010

A Giant Green Ant in Paris

Alors, moi, le natif de Ménilmontant, qui n'avais pas passé quelques jours à Paris depuis deux ans, qu'est-ce que je trouve quand je remonte ? Une fourmi verte géante sur les murs de la capitale, a Giant Green Ant, ça sonne mieux en anglais, quelque part entre les rues des Cascades et de l'Ermitage, là, près d'où "j'ai laissé mon âme".


Serait-ce un symbole de la boboïsation (terme que j'exècre mais qui, ici, dit bien les choses telles qu'elles sont) du quartier ? Le bobo n'est pas une cigale, loin de là. Mais, heureusement, il a quand même une conscience assez écolo. Son air avenant dit combien il fait bon être son voisin, s'il nous en laisse seulement la possibilité.

Car si l'envie me prenait un jour de revivre sur Paname, là où j'ai grandi et quasiment toujours vécu, je doute d'en avoir les moyens, ou alors au prix d'incroyables sacrifices en termes de qualité de vie. Au retour de ces quelques jours, je suis soulagé d'avoir trouvé au moins sur les murs les traces d'une vie artistique sauvage et gratuite, tel des survivances. Comme si ces traces, parce qu'elles sont éphémères, révélaient que l'âme populaire du quartier n'avait pas encore été complètement effacée. Qu'elle vibrait toujours.

J'ai toujours été sentimental dans mon attachement à ces lieux, mon quartier, mon bout de Paname, mon nombril du Monde. Ménilmontant, Belleville, je n'avais jamais vécu ailleurs, avant. Sans avoir jamais regretté un seul jour d'avoir quitté Paris pour Montpellier, c'est toujours ce quartier qui me définit, qui m'a donné la confiance et la fierté de ce que je suis. Depuis vingt ans, par leurs transformations, chacune de ces rues arpentées en tous sens appelait déjà à des souvenirs, souvenirs des lieux et de morceaux de vie leur étant attachés. Le temps qui passe et l'éloignement intensifie la sensation. Qu'importe. Même sans l'acuité d'un Pérec, n'importe quel gars de Ménilmontant ou de Belleville, je suis sûr, quand il se balade dans son quartier, se refait son propre En Remontant la rue Vilin, à sans cesse être interpellé par ce qui était là avant. Et se souvient.

Je n'ai même pas eu le temps de sortir du quartier. Même pas eu le temps d'aller acheter une barquette de "salade de fromage" à l'épicerie du Caire, rue de Belleville. Par contre, plus haut, la baguette de chez Desfoux m'a semblé en baisse (mais c'est vrai que le dimanche, elle a toujours été moins bonne qu'en semaine). Et ce n'est plus qu'en simple visiteur que j'ai embrassé ma ville du regard.

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