samedi 10 juillet 2010

Gonjasufi et The Gaslamp Killer au Worldwide Festival, impressions

"When I go to shows I need to see a show.
I need to see cats sweating with their instruments.
When I see cats with just a computer up there,
I feel like going up
and snatching the computer off the stage
and being like, ‘Now what?
If all the power went off in the world,
can you still rock a stage?"
(Gonjasufi)

Hier soir, Gonjasufi et The Gaslamp Killer étaient programmés dans le cadre du Worldwide Festival de Gilles Peterson, à Sète où il a pris ses quartiers. Impressions ? Mitigées...

Il y avait une vraie cohérence à leur offrir la même affiche que Flying Lotus, vedette annoncée de la soirée et dont j'étais très curieux d'entendre la prestation en live.


De plus, nos deux compères Gonja et Gaslamp n'avaient que deux dates en France, celle-ci puis lundi, un passage au Nouveau Casino de mon Ménilmontant natal. L'événement à ne pas rater donc. A Sufi And A Killer, le premier album de Gonjasufi, reste une des sensations de l'année, et pas uniquement au rayon des révélations inclassables. Quant à The Gaslamp Killer, son principal producteur, son premier album est attendu dans quelques mois, après un EP très remarqué My Troubled Mind, qui permettait de comprendre ce que lui doit le succès de Gonjasufi.

Ceci dit, ça vient du cœur. La musique de Gonjasufi vient du cœur, comme il le rappelait récemment sur un de ses twits, alors qu'on lui demandait quel équipement il utilisait pour faire de la musique : "hmmmm … i cant give all my secrets away…. i start w my heart" !

Le principe du festival est de prolonger les concerts au Théâtre de la Mer par une soirée au pied du phare du Môle Saint-Louis. Hier soir, après les concerts de Havana Cultura, projet développé par Peterson lui-même et Roberto Fonseca, et de l'Orchestre Polyrythmo de Cotonou, succédait cette belle affiche : Flying Lotus, Gonjasufi et The Gaslamp Killer, etc... De quoi tenir jusqu'à 5 du mat'.

Après avoir subi une première averse et rebroussé chemin vers la voiture le temps que ça se calme, on constate malheureusement en arrivant que des affichettes annoncent l'annulation de Flying Lotus, la tête d'affiche de cette deuxième nuit de festival, et de Joy Orbison. Dommage mais vu l'horaire de passage de FlyLo, j'aurais de toutes façons peut-être dû regagner mes pénates avant, vu que je travaillais aujourd'hui. Etant principalement venu pour Gonjasufi, on passe outre la déconvenue.

Le cadre est agréable, au pied du phare. Pour arriver jusqu'à la scène, on passe devant des bateaux en cale sèche, histoire de planter de le décor et rappeler que Sète est un port. Par contre, sur le lieu même, la décoration est réduite à sa plus simple expression. On est dehors, à la belle étoile, la mer autour de nous et c'est là l'essentiel. Un bar sur tout le côté est là pour empêcher les fêtards trop imbibés de tomber à la baille. La bière y est servi à la pinte : un signe qui ne trompe pas. En effet, le public est en majorité composé d'Anglais ayant fait le déplacement. Cela en dit long sur la notoriété et la crédibilité de Gilles Peterson Outre-Manche. Ses choix sont une valeur sûre et son seul nom fait office de prescripteur. Mais, franchement, c'est pas un bon plan pour ces visiteurs british ? Venir ici, c'est faire d'une pierre deux coups : plage la journée, musique le soir et la nuit.

Gonjasufi maintenant. J'avais comme projet de réaliser une petite interview de lui pour Divergence-FM. Les organisateurs m'avaient simplement dit d'essayer de négocier ça directement avec lui backstage, pour voir s'il était dispo. De mon côté, je devais également retrouver sur place d'autres "divergents", équipés du matériel pour l'enregistrement d'une éventuelle prise de son. Difficile de se retrouver dans la foule. Quand j'aperçois Gonjasufi, juste devant moi dans l'espace V.I.P., je renonce à même lui en faire la demande car il s'apprête à monter sur scène.

Leur set démarre et, déjà, rien que ça, c'est bon. Avoir du gros son. Cela faisait longtemps que je n'étais pas sorti de ma tanière et je me réjouissais de sentir les basses à pleine puissance. A la limite, je suis plus ermite que lui dans mon genre. Parmi les titres joués, une paire de nouveautés, "some new shit", dans l'esprit turco-psyché-ancestralo-mondialisé de ce qu'on connaît déjà.

Ce qui était prévisible : il n'y a pas de musiciens pour les accompagner. Juste Gaslamp et lui. Prévisible mais malgré tout dommage. Et où l'on voit Gonja se prendre les pieds dans le tapis de la réalité. Rappelons-nous cette interview accordée à The Quietus où il déclarait :
"Quand je vais à un spectacle, j'ai besoin de voir un spectacle. J'ai besoin de voir les types transpirer sur leurs instruments. Quand je vois des types avec seulement leur ordinateur, j'ai envie de monter sur scène et de le leur arracher : 'et maintenant, hein ? Si t'as une coupure de courant mondiale, t'es toujours capable de chauffer la salle ?' " (ceux qui lisent l'anglais auront reconnu l'extrait que j'ai placé en exergue).

Mais si Gonjasufi regrette de n'avoir pas de musiciens pour l'accompagner sur scène, à qui la faute ? Pas à Gaslamp Killer qui ambiance plus que Gonjasufi. Il saute, secoue son abondante tignasse, se lance dans un solo de air guitar, attrape sa tablette (un iPad ?) et vient sur le devant de la salle pour jouer de ce drum-pad à écran tactile. Rien à dire, à fond, le Gaslamp !!!


Je n'ai pas réussi à prendre une meilleure photo que celle-ci où, au centre, on devine Gaslamp et Gonja...

Je me suis trompé en disant que Gonjasufi et Gaslamp n'étaient que tous les deux sur scène. Ils n'étaient pas seuls. Avec eux, au fond de la scène, leur collègue en "marcel" à dreads blondes et moustache de viking venait compléter l'hirsute trio. Un grand balèze, à la différence de la brindille Gaslamp. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au Dude en le voyant, un Dude sans l'inflation abodminale. Un type qu'on imagine assez désœuvré le reste du temps. Qui doit rien kiffer plus que fumer la weed avec les potes et "partir" dans des délires foireux de fumeurs. Et qui n'est que le roadie, juste là pour charrier des câbles ou balancer des t-shirts dans la foule. Mais lui aussi tout à ce qu'il faisait : les t-shirts, il les embrassait comme une relique avant de les lancer dans le public. A la différence du Dude, ces potes ont un peu plus de talent et il se retrouve sur scène à Sète plutôt qu'au fond d'un bowling pourri.

Quant à Gonjasufi, aussi hirsute que sur les photos. Plus costaud que ce qu'on imaginait. Trapu. Avec ses poses et sa gestuelle de rappeur, gonflant ses biceps, l'espace de quelques instants que je me faisais la réflexion qu'à voir ainsi, il était presque plus proche de Chabal que d'un sâdhu. Même si, en comparaison, Chabal est bien coiffé.

Sur scène, Gonjasufi la joue MC, malgré des moments où il semble un peu ailleurs et "ne donne pas tout ce qu'il a". Dès la découverte de l'énergumène et de sa musique, je pressentais que ce background hip-hop était sa véritable expérience fondatrice, avant qu'il ne s'extirpe de certains des clichés propre au genre pour découvrir son expression si originale. D'ailleurs, si vous écoutez la musique qu'il faisait quand il était encore Sumach, avant de devenir Gonjasufi, vous retrouverez un rap assez conventionnel. Sur scène, c'est encore cette école du hip-hop qui lui permet d'affronter l'épreuve. Difficile en effet de reproduire la charge émotionnelle de la plupart des morceaux de l'album, cette mise à nu douloureuse qui, disait-il, lui avait imposé ces temps de réclusion dans le désert. Gonja allait donc devoir se les approprier sur scène par plus d'énergie et moins d'émotion.

Et si on a été quelque peu déçu par le côté basique de leur performance, moins personnelle que sur disque, c'est, qu'au fond, on n'a peut-être pas assez insisté sur l'influence fondamentale du hip hop dans son approche de la musique. Car, comme il le rappelle :
"i am a rapper w a tape machine...... and some people just wont get it" !

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Quelques photos empruntées au Projet BIW
(avec l'autorisation de la blogueuse, merci Miss BIW) :


"i am a rapper w a tape machine"






GLK et sa tablette-drum


Le fameux pote hippie-faux Dude, carrément en prière pendant le set !

6 commentaires:

  1. j'ai vraiment trouvé les balances assez nul sur leur live ce qui est en mon sens est hyper frustrant.
    A voir en salle a mon avis avec un meilleur son et le micro de gonjasufi un peu plus bas car on a beau dire mais a coté de théophilius london on avait l'impréssion qu'il chantait faux.
    Dommage de ne pas avoir eu aussi une perf de GLK tout seul avec plus de place niveau son ça aurait pu être le moment de la soirée, quand on voit ce que Laurent Garnier fait après (bien que je sois plus fan depuis 10 ans) on se dit qu'il y avait mieux à faire.
    au bilan grosse frustration sur ce world wilde malgré un gaslamp killer animal derrière ses platines. Avec l'annulation de flylo et Joy orbison ça fait un peu léger au regard du tarif 28 euro quand même.

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  2. Tout à fait Kiwikola.
    C'est vrai que 'ambiance n'était pas celle qui convenait le mieux à la dimension "intimiste" du répertoire de Gonja. Le public était là pour faire la fête. Au moins GLK a ambiancé du mieux qu'il pouvait. Quant à Gonja, il pourra dire qu'il n'est qu'un rappeur avec une tape machine (ce qui, au passage, n'est pas sympa pour Gaslamp) ou, au contraire, qu'il aimerait jouer avec un vrai groupe, sa prestation est assez décevante. Ma compagne lui a trouvé un manque de charisme.

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  3. Bonjour Chers Dr FUNKATHUS & Sir KIWIKOLA,

    Que dire de plus que tout est est fidèlement résumé ici dans cet article.

    Venu de Grenoble pour profiter d'un Flylo vaporisant, d'un Orbison presque aux abord d'un discostep et d'un Gaslamp killer plus abrasif et chevelu que jamais....

    Et bien, j'ai été bien étonné que beaucoup de gens ne connaissait aucun des trois, mais faisait entièrment confiance à notre ami Gillou pour la plupart (ce n'est pas les pires me direz-vous).

    Un décor cheap, une ambiance aux gouts d'une mer souillée par les rejets d'un port souffrant.

    Un son blindé de bass, sourd et en saturation constante. Des techniciens qui lèvent les bras au ciel et qui disent qu'ils n'y peuvent rien.

    Une première partie intéressante, qui m'a par ailleurs fait définitivement comprendre que certains mcs sont désormais prets à se passer d'un dj ou autre machiniste... c'est le progrès.... mouais. Mise à part ce point on soulignera une vraie présence de Teophilius...

    Un Gaslamp killer "chaud chameau" fidèle à lui même , pillier du set plus que jamais.... et entouré d'un gonja un peu en dessous de tout à mon goût, mimiques de rappeurs basiques, luttant avec sa voix, tirant le plublic dans ses méandres... mais là peu ouvert à la proposition... accompagnement pas un troisieme hippie qui ne sert à rien si ce n'est bouger la tete et prendre des photos pour son blog de hippie et jouer le jeu du rappel stylistiques des nouveaux dreadeux electroniques de L.A !

    ENSUITE, je dirai merci à notre Lolo national toutefois, même si je pense comme beaucoup de gens sur sa présence assez présente... on l'invite il joue ... normal.

    Enfin et là, la présence de SBKREUFEUTEU qui a été une belle surprise m'a quelque peu réconforté, un vrai choix de programmation.... l'heure du thé a été donnée ! la messe est dite :)

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  4. J'ai oublié de signer...
    Mon nom est Mike, enchanté !

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