La fin de l'année est maintenant toute proche, il faut conclure notre série sur les 10 albums qui m'ont marqué en ce début de Millénaire. Celui-ci y trouve sa place incontestablement, il s'agit de Vento, le sublime projet commun de Barbara Casini et Enrico Rava
A l'heure où on porte au pinacle Melody Gardot et où on souligne la qualité des arrangements pour orchestre de Vince Mendoza sur son album My One and Only Thrill, on serait bien avisé de redécouvrir cet album où deux artistes en pleine maturité et possession de leur art, voient leur musique habillée d'un écrin orchestral somptueux, grâce aux arrangements de Paolo Silvestri.
Le jazz transalpin possède une des plus belles scènes d'Europe, riches d'artistes dont la notoriété dépasse largement les frontières, références majeures. Ainsi, on ne présente plus Enrico Rava, trompettiste vétéran à l'imposante discographie. Sa compatriote Barbara Casini est moins connue. A notre humble échelle, essayons de réparer cette injustice en présentant son album le plus riche.
Barbara Casini est la plus brésilienne des chanteuses italiennes. Une Brésitalienne en quelque sorte. En effet, l'essentiel de sa discographie est consacrée au répertoire brésilien, principalement celui de la bossa nova. Si, dans les années soixante-dix, Ornella Vanoni, en collaborant avec Vinicius de Moraes et Toquinho, avait contribué à faire découvrir la musique brésilienne à ses compatriotes, pour Barbara Casini c'est l'entreprise d'une vie. Comme beaucoup, c'est par le biais de la bossa nova que s'initie l'apprentissage. Notre Florentine au solide bagage de musicienne et chanteuse, n'entendant pas faire les choses à moitié, va même entreprendre des recherches d'ethnomusicologie au Brésil. Et, dès le début des années quatre-vingt, elle forme le trio Outro Lado qui se consacre principalement au répertoire brésilien. Puis elle travaille avec Stefano Bollani, Lee Konitz, Phil Woods. Elle enregistre ainsi plusieurs albums, dédié en partie aux standards, qu'ils soient jazz, brésiliens ou des Beatles, des disques bien interprétés mais dans une version minimale... Et jamais aucun des albums, parmi ceux que j'ai eu l'occasion d'écouter, n'arrive à la cheville de ce qu'elle réalise ici avec Enrico Rava.
Barbara Casini est la plus brésilienne des chanteuses italiennes. Une Brésitalienne en quelque sorte. En effet, l'essentiel de sa discographie est consacrée au répertoire brésilien, principalement celui de la bossa nova. Si, dans les années soixante-dix, Ornella Vanoni, en collaborant avec Vinicius de Moraes et Toquinho, avait contribué à faire découvrir la musique brésilienne à ses compatriotes, pour Barbara Casini c'est l'entreprise d'une vie. Comme beaucoup, c'est par le biais de la bossa nova que s'initie l'apprentissage. Notre Florentine au solide bagage de musicienne et chanteuse, n'entendant pas faire les choses à moitié, va même entreprendre des recherches d'ethnomusicologie au Brésil. Et, dès le début des années quatre-vingt, elle forme le trio Outro Lado qui se consacre principalement au répertoire brésilien. Puis elle travaille avec Stefano Bollani, Lee Konitz, Phil Woods. Elle enregistre ainsi plusieurs albums, dédié en partie aux standards, qu'ils soient jazz, brésiliens ou des Beatles, des disques bien interprétés mais dans une version minimale... Et jamais aucun des albums, parmi ceux que j'ai eu l'occasion d'écouter, n'arrive à la cheville de ce qu'elle réalise ici avec Enrico Rava.
Depuis leur rencontre, quelques années plus tôt, Enrico Rava et Barbara Casini avaient pour projet d'enregistrer ensemble un album de chansons "comme on ferait un album de jazz". Pourtant Vento se distingue de la discographie de la belle. Des chansons enregistrées comme un album de jazz, elle n'a fait que cela. C'est-à-dire en prise directe, sans perdre de temps en studio. Or, si cette fois-ci ils n'enregistrent pas autre chose qu'un album de jazz, celui-ci bénéficie d'un traitement luxueux. Notre duo peut ainsi s'offrir un accompagnement d'une classe folle : un soin incroyable dans les arrangements signés Paolo Silvestri, tout un orchestre à disposition, Stefano Bollani au piano, sans oublier la rythmique Giovanni Tomaso (contrebasse) et Roberto Gatto (batterie).
En outre, c'est également un album où Barbara Casini s'affirme comme auteur, alors que c'est comme interprète de répertoire qu'elle avait principalement enregistré jusqu'alors. Elle écrit ainsi la plupart des titres mais ne se contente pas de l'italien. Deux sont en portugais, ce qui ne surprendra personne vu son immersion dans la musique brésilienne. Plus surprenant, deux autres sont en français de sa propre plume. "Une Petite Folie", qui pourrait sembler sortie d'un film de Jacques Demy, et "La Fin de l'Ennui". Doit-y y voir une forme de reconnaissance à l'égard de Label Bleu et de la ville d'Amiens qui ont permis à ce projet de prendre corps ?
Quand on voit combien le jazz vocal est devenu un créneau pour les grosses maisons de disques en panne de réel investissement dans le genre, on aimerait au moins que ce soient les vraies chanteuses qui bénéficient de leur attention, et non pas quelqu'un pour qui l'étiquette jazz ne sert qu'à donner un peu de cachet à une variété qui ne dit pas son nom. Accompagnée de la belle sonorité de la trompette d'Enrico Rava, Barbara Casini nous donne à entendre une des voix les plus originales du jazz actuel, sur ce Vento qui est encore son meilleur album à ce jour.
"Faut pas penser, s'interroger face à un cadeau du ciel", chante-t-elle. Alors, pour découvrir un extrait de cet authentique chef d'œuvre, écoutez donc "Cidade do Amor Demais", mon titre préféré... Avec les Fêtes qui s'annoncent, peut-être trouverez-vous là une bonne idée de cadeau. C'est en tout cas ce qui m'avait semblé, il y a quelques années, quand je l'ai offert en pareilles circonstances.
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