Avant-dernière étape de notre série sur les albums qui ont compté (au moins pour moi) pendant cette première décennie du nouveau millénaire. Alors que son dernier album Sem Nostalgia, déjà chroniqué ici, vient d'être sélectionné par la Revista Bravo!, dans son numéro de décembre 2010, parmi les dix meilleurs disques brésiliens de ce début de XXIe siècle, nous préférons revenir vers ses débuts et son premier album, EletroBenDodô.
Dans la chronique de Sem Nostalgia, je qualifiais Lucas Santtana de secret le mieux gardé de la musique brésilienne. Car s'il jouit d'une évidente reconnaissance critique, son travail reste encore confidentiel.
Dans la chronique de Sem Nostalgia, je qualifiais Lucas Santtana de secret le mieux gardé de la musique brésilienne. Car s'il jouit d'une évidente reconnaissance critique, son travail reste encore confidentiel.
Quelqu'un qui explique qu'en tant que guitariste, James Brown et Jorge Ben ont eu la plus "grande importance dans la formation groovesque de (s)a main droite", a déjà tout compris. Bahianais devenu Carioca d'adoption, Lucas Santtana est un musicien complet, alliant formation classique et pratique pop. Eletro Ben Dodô, a mis la barre très haut. Placé sur la liste des 10 meilleurs albums indépendants de l'an 2000 par le New York Times, les débuts de Lucas Santtana permettaient, selon l'anthropologue de la musique Hermano Vianna, de "repositionner la musique pop de Salvador dans la ronde océanique de l'Atlantique Noir, à laquelle tous les nouveaux batuques digitaux sont connectés". Vianna allait même plus loin dans le dithyrambe en écrivant que "Eletro Ben Dodô est le meilleur disque de pop africaine jamais enregistré au Brésil (le Africa-Brasil de Jorge Ben étant évidemment hors-concours) et pourrait devenir une référence par la pop contemporaine de nombreux pays d’Afrique".
Un coup d'essai, coup de maître, qui projetait les germes du Tropicalisme (à savoir la capacité à tout digérer pour produire une synthèse cohérente) en plein dans notre troisième Millénaire. Par son histoire familiale, Lucas Santtana est d'ailleurs intimement lié à ce mouvement artistique des années soixante. Lucas Santtana n'est pas un "fils de", comme peuvent l'être ses copains Moreno Veloso ou Davi Moraes, mais c'est tout de même son père, Roberto, qui présenta Gilberto Gil à Caetano Veloso dans les années soixante, rien moins que la recontre initiatrice du mouvement. Et s'il n'est pas "fils de", il est le neveu de Tom Zé, l'autre figure essentielle du Tropicalisme (un lien de parenté qu'il ne découvrit cependant que sur le tard).
Plus encore, dans la lignée de cet autre grand post-tropicaliste, Carlinhos Brown, Lucas Santtana avait choisi de mettre l'accent rythmique sur sa musique, s'appuyant sur la riche tradition percussive bahianaise. Et même s'il revendique des influences plus larges et générationnelles, tels le Mangue Bit du Pernambouc ou D2 de Rio, son inspiration provient des racines et des fruits de Bahia. Eletro Ben Dodô reste encore aujourd'hui un véritable manifeste qui arpente Salvador de part en part, d'Itapoã ("Itapoã @no 2000") au Candeal ("Domingo no Candeal"). Il cite les blocos du carnaval, tels les Muzenza, Ilê Ayiê, les Apaches do Tororó, l'afoxé Filhos de Gandhi pour mieux enraciner sa musique dans tout ce qui fait pulser Bahia.
Pour étoffer la bande-son de ce premier album, Lucas Santtana s'est entouré de brillants musiciens : Davi Moraes et Pedro Sa (guitares), Ramiro Musotto, Gustalvo di Dalva et Marcos Suzano (percussions) ou Carlos Malta (flûtes et saxo), sans oublier la production de Chico Neves qui concourt à projeter allègrement Lucas Santtana dans la Bahia du troisième Millénaire.
Si Lucas Santtana s'avère fin mélodiste, auteur de "refrains qui collent aux oreilles comme du chewing-gum" (dixit son propre site internet), il gratte en même temps des rythmiques déchaînées sur sa guitare-nylon. En guise de défi, il nous donne aussi sa vision du funk en reprenant le "Doin' In the Death" de James Brown, à la sauce bahianaise bien sûr, où c'est le berimbau qui pose le groove, véritable morceau de bravoure du regretté Ramiro Musotto.
Pour poursuivre l'éloge, le jeune homme s'est trouvé deux parrains de choix, Tom Zé et Hermano Vianna, qui ont écrit chacun un essai sur EletroBenDodô et sa portée... Je vous les livres tels quels. Et je vous avouerai que je n'ai pas tout compris de celui de Tom Zé, assez hermétique. Et s'il avait été en français, je ne l'aurais pas compris pour autant !
De Tom Zé, retenons néanmoins cette belle allusion au pouvoir du rythme, qui est aussi celui d'Eros, le tout évoqué dans le style caractéristique assez délirant de son auteur : "On connaît le leader d'un disque en écoutant quel est l'instrument qui ressort au mixage, le guitariste, la bassiste, le chanteur... Le leader de ce CD est Eros. On a coutume de dire - en l'occurrence dans la Bible - que l'univers commence avec le son : au commencement était le son, livre tant, verset tant... Ici, l'artiste commence à changer la Bible : au commencement était le rythme. Saint-Lucas, chapitre 2/4, verset 4/4. Et le rythme est le ventricule direct d'Eros. Le rythme est la prière du matin d'Eros. Je ne vais pas exagérer pour ne pas perdre en crédibilité (sic !!!, ndla) mais nous avons là un artiste. Habemus".
Quant à Hermano Vianna, ce n'est bien sûr pas parce que Lucas reprend un titre de son frère Herbert Vianna (du groupe Os Paralamas do Sucesso) qu'il lui tresse de telles louanges mais bien parce qu'en bon anthropologue de la musique brésilienne, il saisit tout à fait la longue portée d'un tel premier album.
De Tom Zé, retenons néanmoins cette belle allusion au pouvoir du rythme, qui est aussi celui d'Eros, le tout évoqué dans le style caractéristique assez délirant de son auteur : "On connaît le leader d'un disque en écoutant quel est l'instrument qui ressort au mixage, le guitariste, la bassiste, le chanteur... Le leader de ce CD est Eros. On a coutume de dire - en l'occurrence dans la Bible - que l'univers commence avec le son : au commencement était le son, livre tant, verset tant... Ici, l'artiste commence à changer la Bible : au commencement était le rythme. Saint-Lucas, chapitre 2/4, verset 4/4. Et le rythme est le ventricule direct d'Eros. Le rythme est la prière du matin d'Eros. Je ne vais pas exagérer pour ne pas perdre en crédibilité (sic !!!, ndla) mais nous avons là un artiste. Habemus".
Quant à Hermano Vianna, ce n'est bien sûr pas parce que Lucas reprend un titre de son frère Herbert Vianna (du groupe Os Paralamas do Sucesso) qu'il lui tresse de telles louanges mais bien parce qu'en bon anthropologue de la musique brésilienne, il saisit tout à fait la longue portée d'un tel premier album.
Eletro Ben Dodô por Tom Zé
Na verdade, existem dois tus: um tu próximo e que mal se despregou do eu, e um tu mais longe, quase ele. Um forte não-eu. Lucas Santtana, por exemplo, está tão longe de mim que sua existência é minha morte. Sucessivas mortes o permitem, a esse tu-lá. Ouvindo neste cedê os hinos que foram feitos com palavras de rua, de areia, de lençóis, anoto que não são hinos da alma, porque as últimas morreram no começo de 1900.
Depois dos treze, quando Stravinsky assentou a Sagração, quer dizer, nos 14, já só lhes conhecemos as lápides. Uma delas nos contou a verdade: aqui jaz a última alma. Depois dessa, o homem começou a ser erigido sobre o ritmo. A humanidade não saiu perdendo, porque o ritmo não tem pecado, já que é um deus desidratado, e Deus tudo acolhe. Aqui são Lucas e sua geração, seus amigos e parceiros. Mas, de que útero eles nasceram?…
Em 1949, morreu o avô deles, uma Bahiaaldeia-incubadeira, faísca inculta e rica que em si mesma não se reconhecia: nesse ano um negro doutor, formado em Medicina, foi impedido de entrar no Clube Social Bahiano de Tênis.
O féretro chamou-se Auto da Glória e Graça da Bahia. Espichou-se pela Avenida Sete (e ao longo dela), entre a piedade, onde eu assisti, era dezembro, com a cabeça metida entre os cotovelos do povo adulto, perfilado em corredor polonês – ia até a Ladeira da Barra.
O carnavalesco (reclame a primazia) do sepultamento foi o professor Walter Ruy. Aquilo tudo a pés. Os funerais, que hoje terminaram em Lucas, prolongaram-se até esta madrugada, em diversos cordões de umbigo.
Por dentro desses cordões latejaram os Filhos de Gandhi, Seminários de Música, Escola de Teatro, Ilê Aiyê, Teatro Vila Velha de João Augusto, tropicália e uma canção chamada “Trio Elétrico”. Alguns carnavalescos, chefiados pelo Dr. Edgar Santos: Koellreutter, Widmer, Tudor, Cage, Mãe menininha. Outros carnavalescos, chefiados pelo menino preto de Dr. Moreira: Seu Rocha do Cinema Novo, o filho de Seu everton, o irmão de Irene, Conselheiro Cravo, Jorge Cacau e João Augusto Vila Velha. Ao todo, eram sete cordões na avenida. Eram sete cordões umbilicais.
E aí eles uteraram.
De forma que por tal e tanto fica dito que Lucas não começam onde nós começamos nem onde nós terminamos. Não começa nunca. A minha geração entrou na música para-quedando no bonde em disparada, incomodando muita gente que reclamou e se queixou. Eles, não: Lucas nascem na música. De uma polissemia-polimicrotonalsemia, pra ser exato – de cordões de umbigo que se intercomunicam. Lucas e seus parceiros.
Observações ligeiras: Você conhece o dono do disco pelo instrumento que ressai na mixagem. O guitarrista, o baixista, ou o cantor… Aqui neste de Lucas Santtana, o dono do CD é Eros. Dizem – no caso, a Bíblia -, que o universo começou com o som: no princípio era o som ; livro tal, versículo tanto. Aqui , o artista começa mudando a Bíblia: primeiro é o ritmo. São Lucas, capítulo2/4, versículo 4/4. E ritmo é o ventrículo direito de Eros. Ritmo é a oração que Eros reza de manhã. Não vamos exagerar no argumento para não perder a causa. Mas aqui há um artista. Habemus.
Eletro Ben Dodô por Hermano Vianna
Lucas Santtana fez o favor de facilitar a vida de quem escuta, dança e pensa “Eletro Ben Dodô”, seu disco de estréia. Não é preciso nem indentificar os sons sampleados em cada faixa para saber o que está acontecendo. A canção “E muito mais” fornece a descrição geográfica básica e explícita do território musical no qual o disco habita: dub; Chelpa Ferro; irmãos Cavalera; família D2; mangue bit; candomblé. E muito mais que pode ser resumido no seguinte verso: “meu lance é muito barulho,viu?”
Até ai, aparentemente, nenhuma novidade, e muito barulho mais, é o ponto de partida inescapável para quem deseja fazer música pop de qualidade e importãncia estética no Brasil hoje. Só que o lance de Lucas Santtana é diferente, por um primeiro motivo fundador: todo o barulho é reprocessado e redefinido a partir de um ponto de vista/audição que sintetiza os últimos 50 anos de música eletro e acústica da cidade da Bahia û, do mundo sonoro/urbano de Salvador e seu recôncavo.
A Bahia e o Brasil precisavam de um disco como “Eletro Ben Dodô”.
É claro: os sinais de outras sínteses podiam ser escutados em muitos lugares e ocasiões. Só para citar um exemplo: o samba-de-roda de São Braz, no epicentro tradicional do Recôncavo Baiano, é tocado agora com guitarra elétrica. Não se pode mais dizer que o barulho da eletricidade não seja também tradicional. Nininho, o guitarrista de São Braz, tocou no histórico trio Tapajós, nos anos 60, transmitindo as lições que havia aprendido na viola do seu pai para a linha evolutiva pop-carnavalizante inaugurada por Dodô e Osmar. Portanto, Lucas Santtana não descobriu a roda. Apenas botou a “roda”(do samba e de todos os outros barulhos) para girar mais depressa e percorrer novos caminhos, o que criou uma síntese mais clara e radical.
Na “roda não há hierarquias. Todo mundo pode entrar na roda, se conectar » á roda ( não hea exatamente um mundo para sempre fora da roda, e aroda não pode ficar “apertadinha” ). Todo mundo pode ocupar o centro da roda, e redefinir o seu futuro. Lucas Santtana está agora no centro da roda e pode reposicionar, sutil mas precisamente, o lugar que todos os componentes da roda ocupam. Mais: “Eletro Ben Dodô” reposiciona a música pop de Salvador na roda oceânica do Atlântico Negro, a qual todos os novos batuques de computador estão conectados. Depois desse disco, vai ser impossível escutar a axé-music ou a anti-axé-music com os mesmos ouvidos.
Sempre imeginei como seria bom que existisse na Bahia uma estaçnao de rádio educativa inteiramente dedicada ao pop africano e sua diáspora rítimica. “Eletro Ben Dodô” parece ser produto de uma realidade histórica paralela, onde essa minha rádio imaginária sempre tivesse existido e desse continuidade a um ambiente de intercâmbio cultural tão criativo quanto aquele que existia em Lagos e Salvado sr no sec. XIX.
É bom que fique bem claro: “Eletro Ben Dodô” é o melhor disco de pop africano jamais gravado no Brasil ( áfrica Brasil, de Jorge Ben, o Ben de “Eletro Ben Dodô” , é obviamente hoursconcours) e poderia tornar-se referência para o pop conteporâneo de muitos países da Africa, começando pela versão iorubá de James Brown ( que é digna de Fela Kuti ao vivo no Shrine). Mas não exatamen-te pela influência direta do afro-beat ou do mbalax.
O mais africano de Lucas Santtana é produto da história do pop baiano pós-trio-elétrico, onde todos seus excessos e firulas estão reduzidos ao exencial da africanidade: o groove.
Em “Eletro Ben Dodô”, os barulhos e o barroquismo sonoro se colocam a serviço do groove, da pulsação contínua e hipinótica, que neste disco soa quase sempre como um toque de candomblé. Na definição de Amiri Baraka, o groove é o “mesmo mutável” (não cust ja nada lembrar: a roda é um círculo, é a cobra que morde o próprio rabo), a redundância grávida de inovação (mas onde aquilo que é novo nunca se descola do conjunto). Os grooves criados para “Eletro Ben Dodô”, pelo método cada vez mais rigoroso e detalhista do produtor Chico Neves, justapõem- em suas mínimas células rítmicas- elementos díspares de décadas de experimentaçnoes musicais em Salvador: do primeirogrito da guitarra baiana á primeira aula de Hans Joaquim Koellreuter ; do primeiro encontro de Caetano Veloso com Gilberto Gil ao primeiro encontro de Raul Seixas e Marcelo Nova; do primeiro baile funk da liberdade á primeira caminhada Axé; do primeiro ensaio de Neguinho do Samba com a bateria do Olodum ao primeiro hit de Luiz Caldas. E muito mais. O muito mais ( mesmo a bossa nova “dos” Paralamas do Sucesso ganhou o groove surdo do sambão, aqui “carioca”) é ˚mais uma garantia de que a Bahia é só o início da conversa. “Eletro Ben Dodô”, sabendo que todo bom festejo é- ao mesmo tempo- regional e planetário, canvida todo mundo para aumentar a roda.
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