Oui, je sais, cela fait quelques semaines que je ne trouve pas le temps de boucler un post conséquent... Mais il y a plus inquiétant. Cela fait plus de deux mois que Loronix n'a pas été mis à jour. Pour ceux qui seraient passés à côté de cette mine, Loronix est une véritable caverne d'Ali Baba de la musique brésilienne des décennies passées. J'ai commencé à visiter régulièrement ce blog il y environ trois ans et j'y ai découvert un nombre incroyable d'albums merveilleux disparus de la circulation, et pour la plupart même jamais sortis en cd.
Car Zeca Louro, le perroquet vert qui y fait office de bloggeur, respecte une éthique stricte sans jamais y faillir : il ne poste que des albums qui n'ont plus aucune disponibilité commerciale. A cette époque, l'activité de Loronix était frénétique. Il tournait à une cadence de deux nouveaux albums par jour. Souvent, il s'agissait de disques de danses de salon des années cinquante qui, je dois bien le dire, ne sont pas forcément ma tasse de thé, mais les plus grands artistes y étaient également très présents, qu'il s'agisse de Dorival Caymmi, Vinicius, Tom Jobim, João Gilberto, etc... C'est alors, en 2007, qu'il fut élu Meilleur Blog musical de l'année. Un titre qui ressemblait à une évidence. En effet, Loronix n'a eu de cesse de s'améliorer, de proposer de nouvelles applications, ou présentations, une ergonomie plus évidente, et des fichiers en version upgradée, en 320 ko ou FLAC. Ou comment un passionné va développer un projet d'une qualité professionnelle, en quête rien moins que d'excellence. Et malgré cela, l'essentiel est ailleurs : c'est véritablement le travail patrimonial qui est le plus remarquable. Aucun autre site n'a ainsi fait œuvre de passeur d'un trésor culturel, mis à disposition du plus grand nombre. Cela sans jamais perdre ni la convivialité, ni l'humilité. A qui veut se faire une discothèque de référence de la musique brésilienne du XXe siècle, la fréquentation de Loronix est indispensable.
La liste serait longue des perles d'albums découverts en fouinant dans ses archives. Juste deux noms d'artistes que j'ai appris à connaître par ce biais : Elizeth Cardoso et Olivia Byington. La première n'était pas surnommée la "Divine" pour rien par ses compatriotes. Si nombre de ses enregistrements peuvent sonner datés, sa voix toujours est splendide, y compris dans le pathos sentimental. Egalement, les orchestrations sont révélatrices des aspirations de cette forme de musique populaire. Par son recours systématique à des maestros en charge d'un orchestre, elle s'adresse à la classe moyenne et dominante. A l'exception des disques d'Eliseth que j'adorent, ce choix de répertoire pourrait être le reproche fait à Loronix. Privilégier ainsi les (mauvais) goûts d'une classe sociale embourgeoisée au détriment de l'authenticité de vieilles sambas, par exemple. Mais qu'on ne s'y trompe pas, sur Loronix, vous trouverez malgré tout quelques Cartola, Candeia, Paulinho da Viola, etc... Voire même les tueries de Jorge Ben quand elles ne sont plus distribuées dans le commerce.
Parce que l'industrie musicale a la mémoire courte dès lors que la rentabilité ne semble plus garantie, parce que la mémoire collective des cultures populaires au Brésil est parfois négligée, le travail de fond d'un fou furieux comme Zeca Louro est un bien précieux, inestimable.
Si cela fait maintenant plus d'un an que les posts sont beaucoup plus espacés sur son site, son absence prolongée inquiète. Dans le cadre réservé aux échanges et commentaires, même son ami Caetano Rodrigues, auteur d'un ouvrage sur la bossa nova et collectionneur de disques dont les contributions régulières ont participé à l'incroyable richesse du "catalogue" Loronix, ne parvient pas à le joindre, ni par e-mail, ni sur son portable... Le mystère qui plane sur cette disparition est réellement de mauvais augure. En espérant que ce ne soit pas le pire, je vous conseille simplement d'aller vous plonger à cette source abondante en chefs d'œuvre de la musique brésilienne...
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