mardi 30 novembre 2010

Cartola : il y a trente ans quand mourait son poète, tout Mangueira pleurait

Aujourd'hui, 30 novembre, est le trentième anniversaire de la mort de Cartola, Angenor de Oliveira de son nom officiel. Il y a deux ans, était fêté son centenaire posthume alors que dans quelques jours, c'est celui de Noel Rosa que l'on célébrera. Noel Rosa que Cartola hébergeait parfois dans sa maison de Mangueira et avec qui il composa quelques sambas.

Cartola, ce sont les deux faces du samba en un seul homme. A la fois, un homme essentiel dans l'histoire du carnaval carioca, puisqu'il fait partie des fondateurs, en avril 1929, de l'école de samba de la Mangueira, la plus célèbre d'entre toutes, et également l'auteur de quelques uns des morceaux les plus bouleversants et tristes qui soient, à l'image de "O mundo é um moinho", que nous avons choisi aujourd'hui pour lui rendre hommage.

Un jour prochain, nous essaierons de proposer un portrait détaillé de Cartola mais, aujourd'hui, pour évoquer celui que de nombreux Brésiliens considèrent sans hésitation comme le plus grand sambiste de l'Histoire, et bien que les images de Cartola soient assez rares sur la toile, j'ai cherché à ce qu'on le découvre sous un jour inhabituel. Ainsi, sur cette photo, figure-t-il sans ses légendaires lunettes noires, les "Oculos escuros de Cartola", titre et sujet d'une chanson de Max de Castro (pas sa meilleure, je le concède), qu'il ne quittait qu'exceptionnellement.

Ou aussi cette vidéo émouvante où il retrouve son père, après quarante ans sans s'être parlés et où il lui demande ce qu'il veut qu'il lui joue. Le père choisit donc "O Mundo é um moinho".

La narrateur du morceau s'adresse à la femme qui l'a quitté et, en poète, lui donne cette leçon de vie, à l'aide de cette métaphore d'une violence inouïe. Le monde est un moulin.

"Ecoute-moi bien, mon amour
Prête attention, le Monde est un moulin
qui va broyer tes rêves, si minables,
réduire tes illusions en poudre"

"Ouça-me bem, amor
Preste atenção, o mundo é um moinho
Vai triturar teus sonhos, tão mesquinho.
Vai reduzir as ilusões a pó"

A voir ainsi Cartola et son père côte-à-côte, on pourrait presque se demander lequel est le plus vieux des deux. A la fin, Herminio Bello de Carvalho, qui fut un de ses proches, explique qu'au-delà du plaisir des retrouvailles ce fut un moment difficile pour Cartola car, endetté et le Zicartola fermé, il dut, à cette époque, retourner vivre un temps chez son père, situation humiliante à son âge...


Pourtant, malgré le sentiment douloureux qui l'habite quand il joue et chante pour ce père si longtemps absent, Cartola a ce petit sourire aux lèvres. Même si, au Brésil et dans le samba en particulier, on a tendance à dire que le sourire est une politesse qui masque le désespoir, je tenais aussi à montrer Cartola d'humeur légère. Oubliée la longue traversée du désert, l'anonymat à exercer des petits boulots, après la gloire des années trente... A partir de son retour sur la scène musicale, à la fin des années cinquante, Cartola semble revivre...

Il est amoureux de Dona Zica qu'il épouse et, ensemble, ils ouvrent un bar-restaurant qui devient vite fameux, le Zicartola, où le tout Rio du samba et de la bossa nova se précipite. Dona Zica est aux fourneaux, Cartola joue les maîtres de cérémonie. Pour l'anecdote, c'est au milieu de cette effervescence, qu'un discret jeune homme fera ses premiers pas sur scène. Il s'y présente sous le nom de Paulo César. Le journaliste Sergio Cabral lui expliquera subito qu'il lui faudrait prendre un vrai nom de sambiste s'il voulait s'imposer : il deviendra donc... Paulinho da Viola. Quant à Cartola, il lui faudra attendre ses soixante-cinq ans pour qu'il enregistre un premier disque sous son nom.

Ricardo Cravo Albin, auteur du célèbre dictionnaire de la musique brésilienne, qui l'avait bien connu, décrivait Cartola comme un "maître de délicatesse". Malgré sa mise modeste, il dégageait une vraie noblesse... Il était "extrêmement poli et discrètement affable, comme il convient à un prince".

Certes, de son vivant, il bénéficia d'une vraie reconnaissance mais, en bon "poète maudit", Cartola n'a jamais été autant glorifié, loué et fêté que depuis sa mort. Aussi préférons-nous cet hommage qui lui est rendu par le Clube do Samba de João Nogueira et auquel il est convié. Bien entouré, il se voir remettre un titre de membre honorifique pour services rendus à la cause. Le plus bel hommage à Cartola ne pouvait venir que des sambistes eux-mêmes...

lundi 29 novembre 2010

Le Zen expliqué aux enfants (et aux plus grands) par Jon J Muth

Avec Petits Contes Zen (ed. Circonflexe), Jon J. Muth s'attache à expliquer le zen aux enfants. Ce brillant illustrateur d'albums jeunesse et de BD a depuis publié deux autres ouvrages sur ce thème, dont un seul est pour l'instant traduit en français.

Dans ce premier volet, le panda Eau-Paisible, pardon : l'ours "qui parlait avec un léger accent panda", raconte une histoire à chacun des trois enfants qui vient le voir. Il ne s'agit pas d'un énigmatique kōan, plutôt d'un bref récit empreint de sagesse et inspiré de la littérature bouddhiste ou taoïste. Je reproduis l'un d'entre eux...
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Un Lourd Fardeau

Deux moines pèlerins arrivèrent un jour dans une ville où une femme attendait qu'on l'aide à descendre de sa chaise à porteurs. La pluie avait laissé des flaques très profondes, et la femme ne pouvait les traverser sans salir sa robe. Elle était immobile, l'air impatient, très en colère, et grondait ses serviteurs. Ne sachant pas où poser les paquets qu'ils portaient pour elle, ils ne pouvaient l'aider à franchir les flaques.

Le plus jeune moine remarque la femme, ne dit rien, et poursuivit son chemin. Le plus vieux la souleva d'un seul geste, la jucha sur son dos, lui fit traverser l'eau et la déposa de l'autre côté. Après quoi, sans un mot de remerciement pour le vieux moine, la femme se contenta de le renvoyer puis tourna les talons.

Comme les deux moines avaient repris leur marche, le plus jeune, l'air préoccupé, ruminait cette histoire. Au bout de plusieurs heures, incapable de garder le silence, il éclata : "cette femme, tout à l'heure, a été très égoïste et grossière. Tu l'as prise sur tes épaules pour l'aider à traverser l'eau et, en retour, elle ne t'a même pas remercié !"

"J'ai porté cette femme il y a des heures, répondit le vieux moine. Pourquoi, toi, continues-tu à la porter ainsi ?"...
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Point n'est besoin d'une longue méditation pour savourer ce message. Simple n'est pas facile. Se défaire de certains "fardeaux"  représente parfois un labeur de plusieurs années, croyez-moi. Mais ô combien plus sage et apaisant que de s'abrutir d'un toxique : "la vengeance est un plat qui se mange froid".



dimanche 28 novembre 2010

La "Fleurette Africaine" de Duke Ellington, la plus délicate qui soit

Il y a un défi à prétendre parler de Duke Ellington ici. Son œuvre a déjà été tellement étudiée, analysée, tant d'exégèses et tant de livres de spécialistes l'ont décortiquée, qu'il pourra sembler bien présomptueux d'avoir quelque chose d'original à en dire. Qu'importe, ces derniers jours, j'ai ré-écouté un titre particulier, sur un album à part de la discographie du Duke, et ce morceau, "Fleurette Africaine", possède un charme si délicat que j'aurais aimé partagé ces quelques instants de recueillement sublime, en faisant fi de toute dimension technico-historique, tout simplement en le proposant en écoute.

Money Jungle est un album de Duke Ellington en trio où il est accompagné de Max Roach et Charles Mingus. Une parenthèse dans les carrières remplies de leurs auteurs. Un album dont toutes les nouvelles compositions sont (bien sûr) signées par Duke Ellington. Si ensemble, ils reprennent des titres du répertoire de Duke Ellington déjà célèbres comme "Caravan" (qui n'est pas de lui, on le sait, mais de Juan Tizol) ou "Solitude", on y découvre surtout des morceaux inédits, dont cette délicate "Fleurette Africaine" où Mingus fait des merveilles.

Si Duke Ellington est avant tout reconnu comme compositeur, directeur d'orchestre, arrangeur, il a également enregistré des albums qui mettent en valeur son jeu de piano très dépouillé. En 1962, il enregistre coup sur coup deux disques magnifiques. Le premier Money Jungle, en trio avec Max Roach et Charlie Mingus, enregistré le 17 septembre. Suivi neuf jours plus tard, le 26, de son album avec John Coltrane. Si j'ai toujours été fasciné par le charisme et l'élégance de ce monsieur, ma découverte de l'œuvre d'Ellington s'est faite à rebrousse-poil, ou contre-courant, en commençant par ces disques des années soixante en petite formation. Ce n'est que le fruit du hasard, au gré des mes conquêtes dans les bacs à disques avec les contraintes d'un bien maigre budget. J'ai ainsi mis la main, il y a une vingtaine d'années, sur ces deux albums, Money Jungle et celui avec Coltrane, ainsi que sur son Afro-Eurasian Eclipse. Depuis, je suis bien sûr allé écouter certains de ses titres des années vingt, trente et quarante, pour comprendre son évolution, sans pour autant prétendre connaître précisément une œuvre aussi riche et essentielle. Je me dis régulièrement qu'un jour je partirai en immersion dans son impressionnante discographie, une paire de livres lui étant consacrée à portée de la main.

En attendant, c'est vers "Fleurette Africaine" que je reviens régulièrement. Après avoir inventé le style jungle dans les années 20, avec toute la luxuriance de son orchestre, le voici dans ce format intime... La jungle est devenue celle de l'argent et on vient y découvrir une clairière préservée, encore vierge où pousse cette "Fleurette Africaine"...

Voici ce qu'a dit le Duke à Roach et Mingus avant d'enregistrer...
"Nous sommes au centre d'une jungle où, à trois cents kilomètres à la ronde, aucun homme n'a jamais pénétré. Au centre de cette jungle dans la mousse épaisse et sur quelques kilomètres carrés poussent de petites fleurs : rien d'aussi fragile n'a jamais fleuri. Je commence à jouer et nous poursuivons sans interruption jusqu'à la fin".


Pour qui souhaiterait un commentaire sérieux sur l'album, ce beau texte de Paul Laurendeau me semble faire l'affaire...

samedi 27 novembre 2010

Comment "Play That Funky Music (White Boy)" peut ruiner une vie

Dylan Ebdus, personnage principal du Forteresse de Solitude de Jonathan Lethem, et en partie son narrateur, était au début du roman le seul enfant blanc de son quartier de Brooklyn, sur Dean Street. C'était le Brooklyn des années soixante-dix, avant sa gentrification, son embo-bourgeoisement (sa "boboïsation", quoi). Son meilleur ami était Mingus Rude, fils de Barrett Jr. (si vous avez raté un épisode, consultez les précédents messages). Parfois bien sûr, à force d'être une minorité à lui tout seul, ou quasiment, il se faisait chambrer et chahuter à l'école. Les blagues ne manquaient pas et le tube de l'été 1976 lui tomba dessus...

"Il était parfaitement possible qu'une seule chanson suffise à briser une vie. Oui, la malédiction musicale pouvait s'abattre sur une forme humaine et l'écraser comme un insecte. La chanson, cette chanson-là, venait d'ailleurs pour te trouver, pour appuyer là où ta vie entière faisait mal. La chanson incarnait ton destin personnel foireux, qu'elle traduisait en un dégueulis rythmique pop déversé par toutes les radios.

A tout le moins, elle était la BO de ta destruction, son thème. Tes jours réduits à un bout à bout des accents rythmés d'une clarine, inexorable ligne de basse et paroles obscènes, sorte de ricanement psalmodié, enveloppé de grognements de plaisir. Le son hésitant et abrupt de quoi d'ailleurs - tuba ? cor d'harmonie ? guitare rythmique et trompettes moqueuses. Le chanteur aurait aussi bien pu te braquer un flingue contre la tempe. Comment avait-on pu autoriser ça, comment avait-on pu l'autoriser à la radio ? Cette chanson devrait être interdite par la loi. Elle ne s'attaquait pas tant à ta race - question qu'il valait mieux renoncer d'emblée à démêler - qu'à toi personnellement.

Yes they were dancing, and singing, and movin' to the groovin', and just when it hit me, somebody turned around and shouted...

Tu pouvais pas faire un pas, à la fin de cet été-là, sans que quelqu'un te la balance à la tête, cette chanson.

Pour ne rien dire de ce qui se produisait quand tu commençais à hanter les couloirs carrelés de vert du collège 293. Le 7 septembre 1976, la semaine où Dylan Ebdus entra en cinquième dans le bâtiment principal au coin de Court Street et Butler, "Play That Funky Music" de Wild Cherry était numéro un des charts R&B. Quinze jours plus tard il devint numéro un des chansons pop de Billboard. Son hymne de misère, numéro un national.

Prends ça dans les dents : PETIT BLANC !
Laisse tomber le boogie et fais sonner le funk à en crever"*.

L'ironie de cette histoire, c'est que Dylan Ebdus ignorait à l'époque où cartonnait "Play That Funky Music" que les membres du groupe Wild Cherry étaient tous blancs. Comme il le précise dans le roman, une fois adulte et devenu narrateur, cela n'aurait probablement rien changé à la moquerie s'il l'avait su alors.

Ce morceau présente donc cette particularité historique d'avoir été crossover à contre-courant. En effet, le terme crossover désigne en particulier les artistes noirs et leurs morceaux réussissant à obtenir du succès auprès du public blanc, plus nombreux, et de devenir un tube non seulement dans les charts R&B mais aussi dans les charts pop. Comme il est dit dans l'extrait du roman cité plus haut, pour le "Play That Funky Music" de Wild Cherry, deux semaines après qu'il prit la tête du classement R&B, le morceau devenait le tube national de l'été et Disque de Platine. Aujourd'hui encore, le morceau demeure un succès historique, vendu à plus de deux millions d'exemplaires.

Mais ce qui fait la particularité de Wild Cherry, c'est qu'ils font partie de ces très rares exceptions où, avant la déferlante disco, des musiciens blancs obtiennent un tube auprès du public noir. Dans les années soixante-dix, hormis les Ecossais d'Average White Band, rares étaient les groupes blancs à aller se frotter au funk. Curieuse destinée donc que celle de Wild Cherry, ce groupe qui prit pour nom celui de gouttes contre la toux. Rien ne les prédestinait en effet à enregistrer du funk. Originaire de l'Ohio, Wild Cherry jouait du rock, plutôt hard. Sans grand succès... Au point que Rob Parissi, le leader, abandonna le groupe pour devenir gérant d'une steakhouse de la chaîne Bonanza. Les perspectives dans le milieu de la restauration et des grillades n'étant guère folichonnes, il raconta par la suite qu'entendre le "Fame" de Bowie à la radio lui donna des idées et il remit le couvert avec une nouvelle mouture de Wild Cherry, même nom, nouveaux musiciens. Mais toujours du rock...

Basé désormais à Pittsburgh, en Pennsylvanie, Wild Cherry écumait le circuit local des clubs rock. A mesure que ces derniers voyaient leurs portes se fermer, le groupe n'avait plus guère que les discothèques pour se produire. A force de jouer du rock dans pareil cadre, le groupe se voyait évidemment réclamer des trucs plus dansants. Backstage, après un set au Club 2001 où le public s'était justement approché de la scène pour leur demander de jouer un truc funky, le batteur déclara aux membres du groupe : "Well, I guess it's like they say - 'You gotta play that funky music, white boy' ". ("Bon, j'imagine qu'ils ont raison, c'est comme ils disent - "faut que tu joues de la musique funky, jeune Blanc' ". Selon la légende (selon les faits rapportés où se mêlent forcément un peu de légende tant on ré-écrit toujours forcément l'histoire quand on la raconte), Rob Parissi réagit au quart de tour, s'exclamant "c'est une super idée" et d'attraper le premier papier qui traînait, en l'occurrence le carnet de commandes d'un serveur, pour écrire en cinq minutes les paroles du morceau. Cinq minutes pour composer un tube de platine mais des années à galérer, de clubs en steakhouses minables.


Je ne suis pas sûr qu'il serait charitable de ma part de vous montrer des images récentes de Rob Parissi, pour voir ce qu'il est devenu. Il est plutôt bien conservé, on peut pas dire, mais c'est plutôt au niveau du look. Bon, comme ils n'étaient déjà pas très sexy à l'époque, un peu plus, un peu moins, je ne serai donc pas charitable sur ce coup-là. Et vous ? Si vous m'avez lu jusqu'à maintenant peut-être irez-vous plus loin, titillés par la curiosité ? Alors, cliquerez, cliquerez pas, voudrez voir ou pas Rob Parissi avec ses belles moustaches et sa coupe en brosse ?

Si "Play That Funky Music" peut être considéré comme fédérateur en ce sens qu'il fut un tube national, réunissant derrière son groove nerveux tout le pays, Noirs comme Blancs, une controverse lui est associée. Le "White Boy" dans les paroles du refrain a parfois été interprété comme offensant. Pourtant, avec le recul, l'évidente forme d'auto-dénigrement qu'il contient n'est que la légitime réserve de musiciens qui ne maîtrisent que les rudiments d'un style qu'ils s'approprient presque contraints par les événements. Parce que, franchement, ils ont bien dû se prendre quelques bonnes vestes à envoyer du rock en discothèque avant de la jouer funky. Et, dans la réalité, la requête du public et son "play that funky music white boy" avait peut-être l'apparence de tomates bien mûres...



* "It was entirely possible that one song could destroy your life. Yes, musical doom could fall on a lone human form and crush it like a bug. The song, that song, was sent from somewhere else to find you, to pick the scab of your whole existence. The song was your personal shitty fate, manifest as a throb of pop floating out of radios everywhere.

At the very least the song was the soundtrack to your destruction, the theme. Your days reduced to a montage cut to its cowbell beat, inexorable doubled bass line and raunch vocal, a sort of chanted sneer, surrounded by groans of pleasure. The stutter and blurt of what - a tuba ? French horn ? Rhythm guitar and trumpet, pitched to mockery. The singer might as well have held a gun to your head. How it could have been allowed to happen, how it could have been allowed on the radio ? That song ought to be illegal. It wasn't racist - you'll never sort that one out, don't even start - so much as anti-you.

Yes they were dancing, and singing, and movin' to the groovin', and just when it hit me, somebody turned around and shouted...

Every time your sneakers met the street, the end of that summer, somebody was hurling it at your head, that song.
Forget what happens when you start haunting the green-tiled halls of Intermediate School 293.
September 7, 1976, the week Dylan Ebdus began seventh grade in the main building on Court Street and Butler, Wild Cherry's "Play That Funky -usic" was the top song on the rhythm and blues charts. Fourteen days later it topped Billboard's pop charts. Your misery's anthem, numer-one song in the nation.

Sing it through gritted teeth : WHITE BOY !
Lay down the boogie and play that funky music 'til you die".



vendredi 26 novembre 2010

The Dix, canular "orgasmique" de Prince Paul

Après la fiction, le canular. Après Barrett Rude Jr. et Quincy Brown, voici Mesdames et Messieurs, The Dix !!! La légende raconte que ce groupe de R&B fut sauvé de l’oubli par Prince Paul. C'est en piochant dans un lot de vieux vinyls qu’il avait acheté, qu'il découvrit The Dix, un obscur groupe ayant enregistré quelques albums entre 1957 et le début des 70’s. Prince Paul prit alors contact avec ses membres pour leur proposer de remixer certains de leurs titres afin de leur offrir une reconnaissance, même tardive. Projet auquel ils prêtèrent leur soutien... N'en croyez pas un mot.

The Art of Picking Up Women est donc un canular du facétieux Prince Paul, blague potache partant du nom phallique d’un groupe imaginaire. The Dix n’ont jamais existé, sorte de Spinal Tap R&B. Même leur quartier d'origine est un lieu qui n'existe pas : Compton, New York ! Mais comme si un faux disque ne suffisait pas, Prince Paul et ses compères (Mr. Len, Mr. Dead et Don Newkirk) lui ont adjoint un mockumentary pour présenter et revisiter la carrière des Dix. Où Prince Paul interprète Orgynius, un des membres du groupe !

Point n'est besoin de suivre la carrière de Prince Paul et connaître son don pour surprendre et être où on ne l'attend pas, multipliant les projets les plus variés (Gravediggaz, Handsome Boy Modeling School, Baby Elephant...), et point n'est besoin d'être très perspicace pour que quelque chose nous mette la puce à l'oreille... Lisez plutôt cette présentation des Dix :

The Dix came onto the scene in 1957 as The Bangkoks with original members Orgynius, Peter O’Tool, Tro John, and John Handcock. The Bangkoks boasted a top ten hit called "Love Biscuit" which was the anthem of every blue-lighted house party in 1962. The Bangkoks reassembled as the Dix in 1965 with the addition of new group members Dik Gracin and the Jonsun Brothers thus creating a brand new sound that could only be described as "Orgasmic". The Dix do more than just hit the spot, their cataclysmic rhythms and harmonies combined with their explosive dance moves makes The Dix one of the best groups to grace the recording industry. Almost 40 years after the tragic break up of The Dix, hip-hop pioneer and musicologist Prince Paul (De La Soul, Handsome Boy Modeling School) unearths The Dix lost recording The Art of Picking Up Women via! Mr. Len’s Smacks Records. With their sexy and tantalizing hit songs "Here Come The Dix", "Tears In My Eyes (Dirty Girl)", and "I Luv U Girl", The Dix are back to give the biggest bang of their life... and yours too! 

Comme le résumait bien un certain Todd E. Jones, "the Dix are singing soul music with a hip-hop energy". Personnellement, avec leur son qu'on ne pourrait décrire que comme "orgasmique" (sic), je dirais que les Dix sont "3 feet high and rising".

The Dix, "Here Come The Dix", The Art of Picking Up Women (2005) mp3 192 kbps (désolé, j'ai pas mieux)


La bande-annonce du documentaire The Rise and The Fall of The Dix...


jeudi 25 novembre 2010

Philippe Wynne à la Barrett Rude Jr. : "Whip It!" avec les Treacherous Three

Nous expliquions dans notre précédent message que, pour son roman Forteresse de Solitude, Jonathan Lethem s'était inspiré de plusieurs artistes pour imaginer le personnage de Barrett Rude Junior, chanteur soul dont la carrière est en stand-by et qui ne sort plus de sa maison de Brooklyn. Marvin Gaye, David Ruffin et Philippe Wynne lui avaient servi de modèles pour inventer Barrett. 

Il décrivait combien celui-ci vivait comme une déchéance sa participation à un disque de P-Funk où on n'entendait sa voix que sur les trente-huit dernières secondes du morceau. Philippe Wynne avait effectivement enregistré avec la bande à George Clinton. Mais Jonathan Lethem aurait pu entraîner Barrett Rude Jr. plus bas encore dans la déchéance s'il avait évoqué un autre featuring de Philippe Wynne : son apparition aux côtés des Treacherous Three pour reprendre le "Whip It!" de Devo ! Ce n'est assurément pas sur Sugar Hill Records que l'on s'attendait à retrouver l'ancien chanteur des classieux Spinners. Wynne y est aussi discret que Barrett avec la Funk Mob, on intervention est des plus concises,  vers la moitié et à la fin du morceau. Et même si elle arrive vraiment comme un cheveu sur la soupe, elle a pourtant quelque chose d’aussi irrésistible que l’entrain de ce morceau de pur rap ol’school, super funky fresh...

Si sa présence semble décalée sur pareil projet, elle s'explique facilement. En effet, c'est sur Sugar Hill Records qu'il sortira son dernier album et on peut donc supposer que ces brèves vocalises avec Kool Moe Dee et ses potes des Treacherous Three faisaient partie de l'arrangement.

Je ne conclurai pas ce billet sans évoquer une énième coïncidence. Il y a quelques jours  à peine,  je retrouvai Philippe Wynne en revoyant le documentaire de Jeffrey Levy-Hinte, Soul Power, où quand il n'est pas sur scène avec ses Spinners, il promène ses rouflaquettes en "touriste" curieux dans les rues de Kinshasa, ou monte sur le ring, grassouillet sparring partner, défier Ali pour amuser la galerie. Si Wynne a pu servir de modèle à Barrett Rude Jr., nul doute que ce n'est pas celui-ci qui aurait été faire le pitre de la sorte.

Je ne résiste pas à vous offrir ces quelques instants de fraîcheur et de joyeuse insouciance...

mardi 23 novembre 2010

Barrett Rude Jr., chanteur de soul fictif dans sa Forteresse de Solitude

Alors que je suis en train de terminer la lecture de Chronic City, le dernier roman de Jonathan Lethem, je repensais au personnage d'un autre de ses romans, Barrett Rude Junior. C'est le passage de Push Up au JAM qui m'a fait penser à lui. En effet, leur album est consacré au personnage de Quincy Brown, chanteur de soul fictif, retiré du métier et en pleine crise existentielle, lequel m'a évidemment rappelé cet autre chanteur de soul fictif et dont la carrière semble derrière lui : Barrett Rude Jr., personnage de The Fortress of Solitude.

Roman riche et complexe, The Fortress of Solitude (dont la traduction, Forteresse de Solitude, a été publiée aux Editions de l'Olivier) brasse quelques enjeux majeurs de la société américaine contemporaine, notamment la question des relations interraciales, abordée ici à travers l’amitié de Dylan et Mingus, deux gamins de Brooklyn élevés par leurs pères, Abraham Ebdus et Barrett Rude Jr., la gentrification des villes, etc..., tout en s'ancrant profondément dans les cultures populaires, musique et BD. D'ailleurs, peut-être qu'à force de se bercer de comics dont les super-héros regorgent de super-pouvoirs, nos jeunes Dylan et Mingus vont-ils à leur tour basculer dans une réalité fantastique ? Je ne vous en dis pas plus car, de toutes façons, c'est uniquement l'importance de la musique dans cet ouvrage qui nous amène à l'évoquer ici. La première partie du roman, située dans les années soixante-dix, nous montre ainsi l'émergence du hip hop, l'apparition des graffitis sur les murs de la ville, les premières block parties. Et, bien sûr, un chanteur de soul retiré du monde, enveloppé de sa propre légende...

Avant qu'un jour nous revenions sur d'autres aspects de ce roman, c'est de Barrett Rude Jr. dont il sera question aujourd'hui. Quand on le découvre, il vit depuis déjà un moment en reclus dans sa petite maison de Brooklyn. On apprend qu'il a été le chanteur lead du groupe The Subtle Distinctions, passé notamment par le label Motown, puis le Philly Sound, et qu'il a gagné  deux disques d’or. Ses royalties lui assurent encore des revenus suffisants pour se dispenser de s'impliquer dans de nouveaux projets. Il s'est installé incognito dans Dean Street et s'est isolé au premier étage de sa maison, laissant le rez-de-chaussée à son fils Mingus, qu'il élève seul. La tour d’ivoire de l’artiste retiré est sa “forteresse de solitude”. "Barrett Rude Jr. s'habillait de plus en plus comme quelqu'un qui ne sort jamais de chez lui, tout son étage mué en une espèce d'auto-harem, territoire de pyjamas" (extrait que j'ai déjà cité en parlant du concert de Push Up).

Des montagnes de cocaïne achèvent de l’isoler dans son inactivité rêveuse. Son quotidien est troublé par l’irruption de son père, Barrett Sr., qu’il héberge pour lui permettre de sortir de prison, en liberté conditionnelle. Senior est un ancien pasteur, insupportable bigot doublé d’un pervers pépère que la vie dissolue de son fils obsède. La tension dramatique du roman repose notamment sur un suspense que les amateurs de soul devinent : difficile de ne pas penser aux rapports entre Marvin Gaye et son père en lisant l’histoire de la famille Rude. Pour qui sait que Marvin a été assassiné par son père qui ne supportait plus la vie de péché de son fils, on sent venir le drame. Mais ne comptez pas sur moi pour dévoiler l'intrigue. Dylan témoin auditif de la scène n’a entendu qu'un coup de feu, sans savoir qui était la cible et qui était le tireur.

Car Barrett Jr., s’il est donc un personnage de roman, a été inspiré à Jonathan Lethem par trois artistes réels, comme il l'a confié en interview. Marvin bien sûr, mais également David Ruffin et Philippé Wynne, respectivement anciens chanteurs des Temptations et des (Detroit) Spinners. "Trois gars qui ne parviennent pas à résoudre leurs conflits mais les transposent dans leur voix même".


On sait le destin tragique de David Ruffin, ayant lui aussi connu un père abusif et ultra-croyant, et dont, plus tard, l’addiction à la cocaïne le privera de ses capacités d’assurer bien longtemps les lead-vocals au sein des Temptations. Viré du groupe pour avoir manqué des concerts (notamment pour participer à ceux de sa copine d’alors, Gail Martin, la fille de “Dino”, lequel ne devait pas voir d’un très bon œil qu’elle sorte avec un Noir). Il tapera par la suite régulièrement l’incruste sur scène, perturbant les concerts en leur volant la vedette pour le plus grand plaisir du public. Les Temptations durent même étoffer leur service d’ordre pour prévenir les intrusions intempestives de Ruffin.

Comme Ruffin, Barrett Rude Jr. est addict à la coco. Comme Philippe Wynne, un passage par la galaxie P-Funk de George Clinton, alias la Funk Mob dans le roman, s’offre à lui. Après s'être séparé des Spinners, Wynne a effectivement rejoint la bande à Clinton, plaçant quelques vocals sur "Knee Deep" ou "Uncle Jam". Il tournera aussi avec eux en incarnant sur scène The Thrill Sergeant. Dans le roman, Barrett est partagé, à la fois fasciné par ces types du funk et d'autant plus nostalgique de ses partenaires d'antan. "Tout en enviant la liberté de ces types sapés comme des macs de dessin animé et des super-héros, tout en laissant une part de lui penser 'Merde, pourquoi moi non plus j’me suis pas laissé tenter par toutes ces guignolades, pourquoi faut toujours que je reste tellement coincé dans le système Philly, putain', une autre part de lui-même pense que les chœurs et l’instrumental de ce morceau ne valent rien. Le funk, c’est de la soul sous acide, pour le meilleur et pour le pire ; aujourd’hui pour le pire. Ce morceau part dans tous les sens, aussi mou, à sa façon, que du disco. Du disco porno, voilà ce que c’est. Il espérait broder sur fond d’harmoniques, mais les harmoniques ne valent rien, et pour la première fois depuis qu’il a quitté les Subtle Distinctions, leurs voix douces et serrées lui manquent, leur façon de déployer cet élégant et soyeux matelas sonore qui donnait naissance à ses rhapsodies, ses envolées".

Il participe donc à un titre de Doofus Funkstrong. "Quiconque avait un peu d’oreille savait que derrière Doofus Funkstrong se cachait le groupe Funk Mob que ses engagements contractuels, source d’une inextricable chicanerie, contraignaient à enregistrer sous pseudo - quant à ceux qui en manquaient, un simple regard à la pochette psychédélique signée Pedro Bell faisait l’affaire. Moins nombreux les connaisseurs qui pouvaient mettre un nom sur le chanteur dont les vocalises ornaient seulement les trente-huit dernières secondes du single, présent sur la pochette, conformément aux accords, comme Pee-Brain Rooster : sous sa véritable identité de Barrett Rude Junior, ce n’était plus qu’une voix qu’on n’entendait plus depuis des années, mais pas encore un oldie. Si quelques uns s’interrogeraient 'Ce ne seraient pas ce chanteur, là, des Distinctions ? Ce n’était qu’une pensée fugitive - était-il vraisemblable, d’ailleurs, que le ténor des Distinctions, si doux et mélodieux, refasse surface en chevauchant la crête d’une ligne de basse sursaturée ?"*...

Par quelque ironie du sort, bien des années plus tard, c'est à Dylan Ebdus, devenu critique musical, que l'on demandera de rédiger les notes de pochette pour une réédition de ses succès, bien des années après qu'il l'ait eu comme voisin et, surtout, bien des années après qu'il ait perdu de vue son ami Mingus, le fils de Barrett... Et quand Dylan prend sa plume, il n'évoque pas ses souvenirs directs, ses si longues heures passées dans la petite maison de Dean Street, tourmenté de culpabilité, il écrit donc son texte avec le professionnalisme d'un encyclopédiste, dénué de la moindre émotion :

"Derrière le sommet du panthéon des chanteurs de soul - Sam Cooke, Otis Redding, Marvin Gaye et Al Green (ajoutez-y les noms de votre choix, j’y ajouterai les miens) - se dresse un autre panthéon, dans l’ombre, celui des chanteurs qui ne sont pas passés loin. On peut les regrouper, plus ou moins, en deux catégories. Les premiers sont les victimes des caprices de la chance ou du caractère - Howard Tate et James Carr, par exemple. O.V. Wright peut-être. Des chanteurs qui enregistrent pour divers labels, pondent un ou deux classiques avant de se retirer, de partir la dérive. Selon les critères soul du 'grand homme', ce sont les seconds couteaux. La seconde catégorie est celle des chanteurs masqués par la célébrité et la réussite d’un groupe. Ben E. King des Drifters, David Ruffin des Temptations, Levi Stubbs des Four Tops, Philippe Wynne des Spinners : tous considérés par leurs pairs comme les meilleurs interprètes à s’être jamais emparés d’un micro. Le monde ne les connaît que d’oreille"**.

Malin, Jonathan Lethem fait citer à Dylan dans son portrait de Barrett, ses propres influences qui allaient lui permettre de l'inventer. Où l'on constate, et ce n'est pas une découverte, qu'il y a parfois autant de vérité dans la fiction que dans la réalité...

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Notes :
* "Anyone trusting their ears knew Doofus Funkstrong was a disguise for the legally hamstrung, hence recording-under-pseudonyms Funk Mob - for those less sure, a look at the psychedelic Pedro Bell jacket art did the trick. Fewer ears would place the name of the vocalist whose melismas decorated just the last thirty-eight seconds of the single edit, credited on the album jacket, as according to plan, as Pee-Brain Rooster : under his own name Barrett Rude Junior was a voice from radio's middle distance, years out of rotation, not yet an oldie. If a few formed the question Ain't that the singer from the Distinctions ? it was only a passing thought - how likely, anyway, that the tenor voice of the smooth and mellow Distinctions should show up riding the crest of that distorted synth bass line ?"

** "Behind the uppermost pantheon of male soul vocalists - Sam Cooke, Otis Redding, Marvin Gaye and AL Green (you add your names to those four, I'll add mine) - lies another pantheon, a shadow pantheon, og those singers who fell just short. They gather, more or less, in two categories. The first are those denied by the vagaries of luck or temperament - Howard Tate and James Carr, say, maybe O.V. Wright. The singers who record for a few different labels, cut a classic side or two, then bag out, drift away. In the "great man" theory of soul, these are the also-rans. The second category is the singer disguised within the fame and achievement of a group. Ben E. King of theDrifters, David Ruffin of the Temptations, Levi Stubbs of the Four Tops, Philippe Wynne of the Spinners : all known by their peers among the finest vocalists ever to step to the mike. The world knows them only by ear".

lundi 22 novembre 2010

Cee-Lo invite Janelle Monáe dans son émission : en interview et en live

Janelle Monáe était, il y a quelques jours seulement, l'invitée de Cee-Lo Green dans Lay It Down, l'émission qu'il présente sur Fuse TV, une chaîne du cable. Et  croyez bien qu'il ne l'accueillit pas d'un retentissant "f*** you", comme aurait pu le laisser penser le titre de son nouveau single. Il l'annonça plutôt en disant : "it's imperative that she be heard"! L'émergence d'une artiste au talent hors du commun doit effectivement être annoncée, la nouvelle propagée.


En une vingtaine de minutes (à voir en bas de page), elle interprète plusieurs morceaux et est interviewée par Cee-Lo. Elle insiste sur le fait que la diversité d'influences et de styles que brasse son album est le reflet de sa génération, élevée en écoutant "a diverse palette of music". C'est un leitmotiv chez Janelle, haut et fort, elle se revendique artiste. Elle revendique également "le droit à l'imagination et la musique comme arme". Une arme certes, mais dont le but serait de s'unir, to unite.

A écouter Janelle Monáe, on se fait la remarque que pareilles assurance et détermination, dans un si petit bout de bonne femme, feraient presque froid dans le dos. Cela pourrait même nous conduire à penser que l'androïde qu'elle incarne dans son concept-album, est plus la métaphore d'une part d'elle même qu'un rôle de composition. Artiste, c'est un métier et son professionnalisme lui court jusqu'au bout des doigts. Toute dédiée à ce qu'elle fait, on devine qu'elle a dû batailler pour en arriver là. On est donc plus indulgent si on la sent incapable de baisser la garde.

Avec ses musiciens, elle interprète trois titres : "Sincerely, Jane", "Dance or Die" et "Tightrope" et là, on oublie toutes nos réserves. On est saisi  par l'évidence du talent de cette jeune femme, impressionné par sa performance de chanteuse, en particulier sur "Sincerely, Jane". On aurait juste aimé savoir pourquoi, pendant cette version de "Tightrope", elle glissa, comme si de rien n'était, un "shut up Cee-Lo !" ? Lui sussurrait-il quelque chose dans l'oreillette ?


Les Parisiens et les Rennais auront bientôt la chance de la voir sur scène. Encore plus veinards, ceux qui seront au Brésil en janvier, où elle assurera la première partie des concerts de la revenante Amy Winehouse pour quatre dates à Florianopolis, Rio, Récife et São Paulo...

samedi 20 novembre 2010

We Go Funk fête ses 10 ans !

Le bon plan de la soirée, c'est la fête des dix ans de We Go Funk, LE site français de référence en la matière. Sans prétention, avec le bon esprit fédérateur qui caractérise le funk, Mys35 est parvenue à créer cet espace où tous les amateurs de bon groove sont forcément passés un jour ou l'autre, si ce n'est très régulièrement, fidèlement...

Cela peut sembler déplacé en la circonstance mais j'en profite pour ramener ma fraise : peut-être que les plus obstinés de ces surfeurs du funk, dans leur quête sans fin, auront remarqué que, depuis quelques semaines, le Dr. Funkathus a modestement contribué par quelques articles au contenu du site We Go Funk, articles publiés préalablement sur l'Elixir, source où Mys35 peut puiser à sa guise ce qui, parmi les publications, pourrait coller à sa ligne éditoriale. A l'échelle de cette aventure, ce n'est une goutte d'eau dans une rivière qui suit son cours mais je suis néanmoins ravi de pouvoir contribuer à ce projet, je le répète, fédérateur, et je souhaite longue vie à We Go Funk.

Retour à la fête... Funk peut devenir un verbe d'action. Comme rock ou samba, me direz-vous. Certes. Il n'empêche, on peut conjuguer le funk : je funke, tu funkes, nous funkons. Et c'est surtout le dernier qui donne tout son sens à la démarche. Le sens collectif de la chose. Le Nous. Le WE ! Malheureusement, ce n'est pas ce soir que je ferais partie d'un "nous" qui funke... Et puisqu'on peut conjuguer le funk à tous les temps, sans me tromper, je peux garantir que ce soir, ils funkeront bien à la Karambole ! Quant à moi, jc'est une soirée de labeur qui me tend les bras, où j'en serai réduit à funker un petit coup dans mon coin, en finissant de boucler la play-list de ma conférence du lendemain... Allez, même tout seul, en regardant James Brown sur scène à Kinshasa, un extrait de l'émission Soul Train ou Janelle danser le "Tightrope", en écoutant Gloria Jones, Missy et compagnie, j'avoue que ce sera difficile de ne pas se lever quelques instants... Et c'est très bien comme ça...

vendredi 19 novembre 2010

Le R&B, Baromètre de la société américaine ? Conférence, dimanche 21 novembre

Si vous êtes sur Montpellier ou dans les parages, je vous invite à assister ce dimanche, 21 novembre, à la conférence que je donnerai à la Médiathèque Centrale d'Agglomération Emile Zola, de 16h à 17h30... Une heure et demie, c'est bien court pour parcourir une histoire si riche. Pourtant, même en partant des origines, avant même que le terme de R&B n'existe, cela ne nous empêchera pas de parler de nouveaux artistes, comme de la révélation Janelle Monáe. Artiste emblématique s'il en est, chez qui on peut déceler une part de rétro mais dont l'album est considéré par certains comme un manifeste afro-futuriste... Pour l'anecdote, l'intitulé de la conférence, "de Ray Charles à Janelle Monáe", reposait sur un fil rouge visuel, le nœud pap', porté par l'un et l'autre. Ceci afin que l'image soit parlante sur une affiche.

L'ambition de ce type d'intervention est essentiellement de faire comprendre les liens entre la musique et son contexte socio-culturel. Ainsi, autour de quelques œuvres et artistes essentiels, nous essaierons dimanche de montrer comment le cloisonnement de principe du R&B est empreint de porosités, comme en témoignent les jeux complexes d'influences réciproques, de "vols" disent même certains, de crossover...

En attendant de vous y retrouver, voici le communiqué de presse...




Conférence : « Le R&B, baromètre de la société américaine »

Dans le cadre des animations qu’elle organise le dimanche, la médiathèque centrale de Montpellier Agglomération Emile Zola accueille, dimanche 21 novembre à 16h, Olivier Cathus pour une conférence autour du « R&B, baromètre de la société américaine ? De Ray Charles à Janelle Monae ».

Avec cette conférence, c’est un panorama de près d’un siècle de musique noire aux Etats-Unis qui va être évoqué. Aujourd’hui associé à une forme de variété internationale, « bling-bling » et superficielle, le R&B est en fait un terme générique qui, depuis 1949, permet de revisiter l’histoire des musiques noires aux Etats-Unis, depuis l’époque où les artistes de R&B étaient aussi les remarquables représentants de la Great Black Music.
A travers l’histoire musicale peut se lire aussi l’histoire des communautés afro-américaines. En s’appuyant sur des extraits de films et de chansons, c’est une véritable histoire riche en anecdotes que racontera Olivier Cathus.

Enseignant et formateur sur les musiques actuelles, Olivier Cathus est l’auteur de L’Âme-Sueur, le Funk et les Musiques Populaires du 20e siècle (1998), et l’animateur de l’émission « Goutte de Funk » sur Divergence FM.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Contact presse >>> Frédérique Touraine – Tél. : 04 67 13 60 20



jeudi 18 novembre 2010

A l'Ouest des Dunes : The Listener de Howe Gelb (Les 10 du Millénaire, 6/10)

Allez va, le prétexte est tout trouvé : après Alegrias, son album avec Band of Gypsies, présenté hier ici-même, ajoutons un épisode à notre série des 10 du Millénaire en y faisant figurer un album solo d'Howe Gelb, The Listener. Je vous avouerai sans tourner autour du pot que si j'ai beaucoup aimé et écouté cet album lors de sa sortie, il n'aurait pas fait pour autant partie de ce palmarès si je n'avais pas déjà écrit sa chronique à l'époque. En effet, je suis très en retard : nous sommes déjà à la mi-novembre et je n'en suis encore qu'à cinq albums sur les dix de prévus de ce projet foireux : détacher les dix albums m'ayant le plus touché ou que j'ai le plus écouté pendant ces premières années du troisième millénaire. Subjectif et... foireux. Qu'importe, je m'entête dans une sorte d'escalade d'engagement, comme diraient les psys...

Et je m'impose comme contrainte de ne pas retoucher un article publié en son temps, lors de sa sortie, histoire de voir comment il résiste à l'épreuve du temps...
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Le destin est parfois si capricieux qu’il en devient une ironie du sort. C’est ce que semble penser Howe Gelb, entre amertume et fatalisme. Son histoire est en effet celle d’un grand musicien à la tête du groupe Giant Sand qui, en une vingtaine d’années et autant d’albums, n’a jamais connu d’autres succès que d’estime. A l’inverse, dès leur première tentative pour voler de leurs propres ailes sous le nom de Calexico, John Convertino et Joey Burns, respectivement batteur et bassiste du groupe, récoltèrent d’emblée les fruits de ce qu’il avait patiemment semé : les germes d’une musique plongeant aux racines, entre folk-rock et country-jazz alternatif, ancrée dans sa terre, à Tucson, au fin fond du désert d’Arizona.

Pour autant, et malgré le nom du groupe, diminutif de Giant Sandworms, ces vers géants inventés par Frank Herbert dans Dune, Howe Gelb a toujours considéré comme réductrice cette vision et conçoit quelque amertume à voir ces anciens lieutenants l’utiliser : "pendant des années j’ai insisté dans les interviews pour qu’on ne mêle pas le désert à notre musique et qu’on le laisse en paix. Et la première chose que Joey et John ont faite quand ils ont commencé Calexico, c’est d’exploiter cette image, de revendiquer pleinement l’Arizona, le Mexique. Quelle ironie du sort !".

Ironie du sort, alors que depuis un concert à Bourges, en première partie des Cramps, et un premier album sorti en France chez New Rose, il y a une bonne quinzaine d’années, j’avais perdu la trace de Giant Sand, c’est par sa sublime reprise du "Sand" de Lee Hazlewood avec Lisa Germano, que j’ai retrouvé Howe Gelb. Le sable, décidément. Le sable sert aussi à mesurer le temps qui passe, notons qu’il s’en sera écoulé des dunes puisque "Sand" figure sur Slush, un album à redécouvrir, enregistré sous le nom de OP8 en 1997.

De ce sablier géant à l’échelle du désert d’Arizona qu’est le temps, laissons encore filer quelques années-dunes jusqu’à aujourd’hui où, quasi simultanément, sortent les albums de Calexico, Feast of wire, et d’Howe Gelb, The Listener.

Après s’est fait connaître en s’acoquinant avec les mariachis du cru, le duo de gringos ayant pris le nom d’une bourgade frontalière, contraction de California et Mexico, va toutefois sur ce Feast of wire bien en deça de la simple couleur locale et creuse son sillon entre chansons et instrumentaux inspirés, arrangés avec soin. Convertino et Burns font preuve d’un savoir faire qui ne se limite pas à poser des rythmiques fines et efficaces, ils ouvrent leur musique à l’émotion. Il est vrai qu’ils ont été à bonne école, et c’est sans se faire prier qu’ils reconnaissent leur dette : "Howe est un auteur unique, du niveau de Tom Waits et de Bob Dylan. On ne pourrait jamais faire ce qu'il fait. Mais Calexico est sans doute plus accessible".

A l’origine du collectif qui a donné un son à Tucson et en a fait un lieu couru (JL Murat et Yann Tiersen, entre autres, y ont enregistré), Howe Gelb le pionnier s’est exilé au Danemark avec femme et enfants. Peut-être pour prouver que sa musique n’est pas dépendante du désert, l’enregistrement de The Listener s’est partagé entre Tucson et son nouveau repaire scandinave.

Admirateur de Neil Young autant que de Thelonious Monk, aussi bien guitariste qu’élégant pianiste, il nous plonge d’emblée dans des climats intimistes, mélancoliques et intemporels. Avec une modestie d’artisan et une sensibilité d’artiste, ce grand auteur méconnu atteint une maturité épanouie où ses chansons gagnent en nuance et en retenue. Dans un murmure nonchalant, comme un Lou Reed qui n’aurait pas oublié d’être chaleureux, Howe Gelb va droit à l’émotion, accompagné de piano, guitare ou de discrets violons aux cordes sensibles. Une musique en toute simplicité mais réellement habitée et qui coule d’évidence. Trop modeste, lui qui dit n’avoir pas beaucoup d’oreille, fait preuve d’un rare sens de l’écoute, le titre de son album, The Listener, rend ainsi hommage à cette belle qualité du musicien : traduire l’écoute en espace.

Quelques duos au bel équilibre entre une voix féminine et celle d’Howe font un des charmes de l’album. En particulier le magnifique "Torque (Tango de la tongue)", avec Henriette Sennenvaldt, qui nous évoque une Björk au chant feutré, et "Lying there", allègre et détendu, avec sa femme Sofie Albertsen Gelb.

Assurément, Howe Gelb possède son univers en propre. Il trace sa route de biais : vers  l'est et le nord, vers l’ouest et le sud. Le sud extrême d’où s’échappent les échos d’un tango bancal. L’ouest, d’où parviennent encore des accents country, au-delà du désert. Howe Gelb est déjà à l’ouest des dunes.

O.C.
(initialement paru dans Cultures en Mouvement n°57, mai 2003)

Bon, je n'ai pas trouvé de véritable vidéo de "Torque (Tango de la Tongue)", mon titre préféré sur l'album, aussi nous contenterons-nous de cette image fixe mais, au moins, vous aurez le son. Et à propos d'image, pour votre gouverne, c'est pas du Basquiat sur la pochette : la peinture est signée Pasqualina Azzarello...


Ah, un dernier mot : les fans d'Howe pourront aller le retrouver sur The Quietus, magazine à qui il a accordé une interview début novembre, alors qu'avec Giant Sand, il devait jouer le 4 au Queen Elizabeth Hall... "Keep It Moving : A Quietus Interview with Howe Gelb"...

mercredi 17 novembre 2010

Les Alegrias espagnoles d'Howe Gelb

L'année 2010 aura été bien remplie pour Howe Gelb. Il aura enregistré un album en Espagne avec des musiciens de flamenco, Alegrias, sous le nom de Howe Gelb & A Band of Gypsies et avec Giant Sand, il vient de sortir Blurry Blue Mountain, un nouvel album pour les vingt-cinq ans de carrière du groupe. Mais il faut immédiatement préciser qu'Howe Gelb est le fondateur et unique membre original de la formation actuelle. Ce qui ne l'empêche pas de distinguer ses projets solo, ceux de Giant Sand et ceux encore d'autres formations (OP8, The Band of Blacky Ranchette, Arizona Amp and Alternator...)... Alegrias s'inscrit dans l'ouverture d'Howe Gelb sur des musiciens d'autres univers que le sien. Après avoir enregistré 'Sno Angel Like You, en 2006, avec une chorale de gospel canadienne, il est allé à la rencontre de musiciens gitans de Cordoue.

Si la discographie d'Howe Geld est pléthorique, il ne faut pas s'imaginer qu'il fait les choses dans la précipitation. Ainsi, cet album est le fruit d'une longue fréquentation de l'Andalousie et de Cordoue où il passe tous les ans depuis 2003. Même s'il refuse en général l'idée que le climat de Tucson, Arizona ait pu avoir une influence sur sa musique, il dit apprécier de retrouver le même climat en Andalousie.

Pour le magazine Blurt, Howe Gelb raconte combien il a vite été fasciné par les talents de guitaristes des musiciens qu'il rencontre... "Ces types jouent de la guitare d'une façon qui continue de me laisser sans voix dès que nous nous asseyons ensemble. Ils jouent comme s'ils avaient inventé la guitare, parce que c'est ce qu'ils ont fait. Je ne peux pas prétendre avoir essayé de jouer leur rythmes. Je ne sais pas les jouer, ça me donne le vertige. Ca m'excite et j'aime beaucoup mais je n'arrive pas à les comprendre, je suis juste limité au 4/4".

Il n'empêche, la communication s'établit : "mon espagnol est très limité et craint vraiment. On n'échange pas vraiment avec des mots - on a des discussions mais qui reposent beaucoup sur la mélodie, et l'émotion qui se trouve derrière cette mélodie, la texture du grognement, les éclats de rire. Et bien sûr, avec la guitare, ce n'est même pas nécessaire..."

A l'arrivée, on constate qu'Howe Gelb a imprimé sa "patte" au projet...


D'autres extraits de l'interview à Blurt, que je n'ai pas traduits cette fois-ci...

"This guy had asked me to come and hang out in Córdoba and record - and I get that invitation a lot from different parts of the world, and it's very sweet, but you never know if you can make time for it or what to gamble on and all that. But then he mentioned the word "gypsies" and the more I began to hear him out and hang with him, the more I liked him. Then I went to his place - and his place is incredibly like Tucson, except more dense. More Tucson than Tucson. Exact same climate, same kind of tastes. I stayed at his house, it was like an old wobbled barrio, very similar to where I live here in town in Tucson. And one by one these gypsy fellows would show up, and they'd throw down some guitar, and I'd go, ‘man, that's the shit, that's where it came from.' That's like when you recognize the source of the Nile. I had to think quick there - I thought, ‘well, I can't do that. I can't go anywhere near that.' But then I know I can play something that will completely boggle them - or so I hoped.

And that was some stride piano. Because they can play every instrument, these guys, including piano. But the rhythms in stride were as curious to them as theirs were to me, fortunately. And that's when all of a sudden the smiles came out, and once that broke the ‘let's see what you've got' austerity of the moment. We all want to hang with each other anyway, peoples of the world, but there's that moment where you go, ‘wait a minute, I just can't be a sap or be taken advantage of, or why should I spend my precious time here with you' or whatever. And then you realize there's something going on here. And then it's all about, ‘let's work together to see what this thing is and where it can go,' not where it can go on record, but where it can go just within the moment of playing, or will it be a complete train wreck. So that's how it kind of started, and then it began escalating and escalating and escalating, and then I would just go there, supposedly to record, but for the sake of just living there for a little bit, because it just felt like my life, it felt like my home. The end result was this record.

The players who kept showing up to play and kept appearing just kept getting more and more incredible until finally the grandest player of them all showed up. Raimundo Amador, the first guy in the late ‘70s to combine flamenco with the blues. Anyhow, what I came to learn was that through the years flamenco was redelivered to the counter-culture in the ‘70s the way Led Zeppelin redelivered the blues to our western counter-culture. It was done with this two-piece group, Lole y Manuel, and this woman and this guy came up with this full-on flamenco but adorned with the sensibilities of the era, to the counter-culture. They are folk heroes. Raimundo was a kid of 14 or 15 on the streets, and he would go and hang out at their house, started playing within their camp. There's a lineage, then he started playing with this guy named Tomatito, and I happened to discover Tomatito in the ‘80s when we were on the same label with him as Giant Sand (Imago Records). I would play his record when I lived in Joshua Tree in the late ‘80s - the only three records I'd play were him, Swordfishtrombones by Tom Waits, which had just come out, and this Miles Davis record, Ascension to the Gallows (Ascenseur Pour L'échafaud), was the English translation of it, it was a film soundtrack. So, anyway, when Raimundo finally showed up and he played, he did a few riffs that reminded me of that time-frame and took me back to Tomatito, and it turned out that Tomatito was getting his juice from Raimundo, they were playing together all that time way back then, so it was a wonderful full cycle-event for me to meet this guy. And he's a national treasure, you walk down the street with him and everybody in every walk of life knows his name.

The record is called Alegrias, which is a form of flamenco, but also taken from the root word meaning joy, alegria. So, anyhow, I just did what I do, and they applied themselves accordingly, the same way that the gospel choir did. I just play what I play. I took some old Giant Sand songs, like I did with the choir, that seemed to have the chord structure that was similar, or aligned to, the chord structure to what I thought gospel was, and in this case with what the flamenco chord structure was. Then I wrote a whole bunch of new songs just from being so titillated and tantalized and downright inspired by the event that all these new songs started popping up, just like the ‘Sno Angel thing. It's coming out in a couple weeks in Spain first because the Spanish are embracing it like sort of the indie rock version of whatever the counter-culture thing was with Lole y Manuel. A few times flamenco would be reinvented for the decade, or the period of time, it doesn't happen every decade, for those that we used to call the counterculture, the subculture, the underground, whatever. Where it's not really forced, it's not a tourist thing, it's not like, ‘oh, I'm getting old now, let's go make the blues record' kind of thing. It's the same sensibilities that can be discerned - it's encoded, you can hear it - but it's utilizing a big part of that culture. I don't understand that, it's not my part, I just saw how much I loved being there with it, and with them, and surrounded in that sound, and how it really just juiced me - it was the same kind of dizzy thrill I would get from them playing as I got from the gospel choir. That makes me know that I'm in the right place - and what comes out of it I never have any idea before".

mardi 16 novembre 2010

Janelle Monáe en jeans ? Un titre inédit en cadeau...

Pour une fois, je vais aller jusqu'à dire que Montpellier et la Province*, ça craint. Car ce seront, encore une fois, les Parisiens qui seront les plus veinards : Janelle Monáe sera de retour sur Paname, le 9 décembre à la Cigale, après un passage à la Maroquinerie plus tôt cette année. Et, nous, pourquoi n'a-t-on pas droit à la Monáe ? Trop chère pour une Cosmic Groove Session ?

La sortie d'un titre inédit pourrait bien nous consoler... Surtout s'il est offert. Janelle Monáe a une apparence très recherchée, une élegance toujours impeccable. Un style bien à elle avec "pompadour" et tuxedo remis au goût du jour (même si elle pose ci-contre sans son "uniforme"). Changement de look : c'est un marchand de jeans qui nous offre ce titre inédit... "Shape of Things to Come", du titre de ce projet de Levi's... 

Dans ce type de partenariat/mécénat, on peut donc légitimement supposer que Levi's l'a payée et lui a effectivement acheté le morceau. D'où le sentiment que le cadeau est pourtant un peu pingre. Si vous proposez un morceau en téléchargement gratuit et que celui-ci n'est même pas disponible à la vente, pourquoi le compresser en mp3 128 kbps ? Sans compter que vous êtes obligé de remplir une longue liste de renseignements débiles !

S'ajoute un autre motif de mécontentement concernant la mademoiselle : son nouveau clip, la nouvelle version "Wondamix" de "Tightrope" ne peut même pas être intégrée sur les blogs. Vous êtes obligés d'aller le regarder sur la page de YouTube. Même de son site officiel, pas moyen, là aussi vous êtes redirigés vers YouTube ! Comme je suis pas chien, cliquez sur ce lien pour y accéder... Néanmoins, la stupidité majeure de ces fichus labels me laisse pantois.

 Allez, que ce petit mouvement d'humeur ne fasse pas oublier l'essentiel : son album The ArchAndroid est une des plus brillantes réussites de l'année. Quant à Janelle Monáe, avec son talent rare, nous n'avons pas fini d'en entendre parler, elle qui est seulement à l'aube d'une grande carrière... Et d'ailleurs, nous en reparlerons pas plus tard que dimanche. Jour où je donnerai une conférence à la Médiathèque Emile Zola (Montpellier) :

Le R&B, baromètre de la société américaine ? De Ray Charles à Janelle Monáe
détails à suivre...



* Sauf Rennes, puisqu'elle est programmées aux Transmusicales, le 10 décembre...

lundi 15 novembre 2010

Push Up en Cosmic Groove Session

Si vous ne m'autorisez qu'un seul adjectif pour définir le funk, je vous dirai que la réponse est facile. Le funk est : généreux. Généreux ! Quels que soient les styles ou les époques, c'est son dénominateur commun. Et sa sueur étymologique n'en est qu'une métaphore. Push Up!, samedi soir, était profondément funk, foncièrement généreux.


Cette deuxième Cosmic Groove Session de la saison a donc honoré son cahier des charges en invitant à Montpellier ce super-groupe de la scène française. Chacun de ses membres mène sa carrière propre mais s'est jeté dans ce projet parallèle avec un bel enthousiasme et a reçu en retour encore plus d'enthousiasme, celui qui naît de l'élan collectif, de l'esprit d'équipe quand il n'est pas parasité par les egos. Un leitmotiv du groupe qui, durant le concert, répétait "1 + 1 + 1 + 1" : on est plus fort ensemble... 

Push Up! se présente à huit sur scène. En deux rangs : en frontline les chanteurs, derrière le groupe. Ca pourrait ressembler à un 4-4-2, sauf que c'est un 4-4-"1+1+1+1"... = 8... On est plus fort ensemble. Devant donc, Jî Drû, aussi flûtiste, Karl The Voice, en costume coloré Xuly Bët, Allonymous et Sandra Nkaké. Où la "diva" soul française se met au service du collectif, laissant la place au centre de la scène à Allonymous. Américain, œil pétillant, allure impeccable et faux airs d'un frère de Mos Def... Tous, ensemble ou à tour de rôle, racontent l'histoire de Quincy Brown qui sert de fil conducteur à leur album The Grand Day of Quincy Brown. Quincy Brown est un ancien chanteur de soul fictif, largué, en pleine crise existentielle, qui se dit qu'il doit bien faire quelque chose de sa vie...

Quincy Brown me rappelle Barrett Rude Jr., un autre chanteur soul fictif, un des personnages du très riche roman de Jonathan Lethem, Forteresse de Solitude. Sa carrière est derrière lui, il vit en reclus... "Barrett Rude Jr. s'habillait de plus en plus comme quelqu'un qui ne sort jamais de chez lui, tout son étage mué en une espèce d'auto-harem, territoire de pyjamas". Où des montagnes de coke achèvent de l'isoler dans son inactivité rêveuse (du coup, je reviendrai prochainement sur ce roman et Barrett Rude Jr., un fantastique roman où on assiste à la naissance du hip hop, à la gentrification de Brooklyn, à travers les yeux de deux jeunes garçons).

Quincy Brown pourrait être un personnage de film mais plutôt que d'un film blaxpoitation, comme le voudrait le cliché, ce serait un film d'auteur qui se concentrerait sur les introspections du héros, plus contemplatif que tourné vers l'action. D'auteur mais super funky ! Pour lui donner corps, Karl the Voice et Allonymous apportent une certaine crédibilité en se présentant en authentiques édentés de la frontline, comme s'ils portaient les stigmates du vécu, et des épreuves corollaires, de leur personnage.

Eux qui se définissent comme "une bande de quadragénaires teenagers" ont conservé l'enthousiasme et l'énergie. Leur présence est communicative. Ca bouge, ça danse et ça saute dans tous les coins ! A leurs côtés, Sandra Nkaké fait figure de jeunette. Elle est bien sûr sublime, incroyable chanteuse. Rayonnante, pimpante, farouche, souriante... Il faudrait songer à changer la silhouette-égérie des soirées Cosmic Groove, avec son afro de rigueur, et la remplacer par celle de Sandra Nkaké. Au moins. Sérieux. Comment se fait-il, bon sang, que des artistes pareils ne jouissent pas d'une plus grosse couverture médiatique ?

Push Up! a parfaitement incarné l'esprit du funk sur la scène du JAM. En un adjectif, leur prestation a été... généreuse. J'étais étonné de les voir déjà battre en retraite après une heure-et-quart de concert mais c'était mal les connaître : le rappel a duré plus d'une heure ! Le temps de fêter l'anniversaire de Karl the Voice ou de jouer des reprises de classiques comme "I Fought the Law" ou "Dance to the Music", histoire de communier plus encore avec le public en terrain connu, et où c'est le public qui a fini plié, lessivé...


Si vous y étiez ce bref compte-rendu ne vous apprendra rien de plus. Si vous n'y étiez pas, regardez la captation qu'a offert Arte ci-dessous, de leur passage au Festival de Jazz de la Villette. Et je suis persuadé que vous surveillerez leur éventuel prochain passage du côté de chez vous et que, le cas échéant, vous vous précipiterez illico acheter des billets pour leur concert.



samedi 13 novembre 2010

Push Up, sur Mondomix avant le JAM

Décidément, le "marabout d'ficelle" du blog se poursuit. Après Carlinhos, c'est au tour de Quincy... Brown !

Les coïncidences abondent ces derniers temps. Alors que je suis impatient d'aller découvrir Push Up présenter sur scène, samedi soir au JAM, dans le cadre d'une Cosmic Groove Session, son premier album The Grand Day of Quincy Brown, voilà que Mondomix leur consacre un petit reportage vidéo. Histoire de se mettre l'eau à la bouche en voyant les extraits de leur concert à Nancy pendant le festival Jazz Pulsations !


vendredi 12 novembre 2010

Les Tambours bahianais dans le salon ? Entretien avec Goli Guerreiro

Goli Guerreiro, anthropologue bahianaise, est en train de nous faire une "Brown" : elle sort aujourd'hui deux livres simultanément ! Terceira Diáspora, Culturas Negras no Mundo Atlântico et Terceira Diáspora, o Porto da Bahia. Deux ouvrages qu'on devine sans mal placés sous l'influence de Paul Gilroy, sociologue britannique à l'origine du concept d'Atlantique Noir. Deux d'un coup, pour une aussi fière représentante de la preguiça bahianaise, c'est particulièrement surprenant. Je taquine : Goli est une amie. Elle m'a hébergé chaleureusement lors de mes séjours à Salvador. Grâce à elle et Nadja Vladi, j'ai pu découvrir Bahia de la plus belle manière. 

Avant d'en savoir plus sur ces deux ouvrages, l'actualité de ces derniers jours dans nos colonnes, nous invite à revenir sur son précédent livre A Trama dos Tambores. A l'époque de sa publication, nous avions réalisé un entretien que je reproduis aujourd'hui tant les thèmes qu'il développait trouvent un écho dans ceux que j'ai traité ces derniers jours, à l'occasion du cycle consacré à Carlinhos Brown.

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Avec A Trama dos Tambores : a musica afro-pop de Salvador, Goli Guerreiro publie le résultat de ses recherches et de sa thèse de doctorat. Le livre n'est pas conceptuel, c'est le fruit d'un travail de terrain. A travers les rencontres et entretiens, c'est un véritable voyage dans l'histoire de la musique de Salvador qu'elle présente, évoquant les débuts des trios electricos au Carnaval, les mouvements noirs et leur aboutissement musical et social sous forme de blocos afros (Olodum, Ilê Aiyê, Muzenza…), les personnages charismatiques actuels comme Carlinhos Brown ou Daniela Mercury, ou encore les dernières modes musicales (axé, pagode) et leur déclinaisons commerciales.



O. C. : La thèse de ton livre est que les percussions sont passées de la cuisine au salon. Parce qu'elles ont acquis ces dernières années une reconnaissance dont elles ne bénéficiaient pas jusqu'alors. Cela s'exprime, par exemple, dans le fait que des jeunes Blancs se mettent eux-aussi à jouer des percus et que l'on ne dise plus d'un Noir qu'il est "batuqueiro" mais percussionniste. Pourtant, dans les groupes de pagode, à instrumentation harmonique, tu sembles dire que la percussion retourne dans la cuisine. Où est-elle actuellement ? S'est-elle définitivement installée dans le salon ou fait-elle toujours des allers-retours entre le salon et la cuisine ?
Goli Guerreiro : La place de la percussion dépend du style musical. Dans le cas du samba-reggae, sur lequel je me focalise dans ce livre, la percussion se rencontre actuellement dans le salon. Dans le pagode, qui connaît actuellement une ascension commerciale et une représentation massive dans les médias, la percussion est dans la cuisisne. Mais si l'on considère le pagode produit dans les rodas de samba, on peut affirmer que la percussion cohabite avec les autres instruments sur un pied d'égalité. Mais cet "aller-retour" de la percussion dont tu parles s'est produit avec le samba-reggae, justement au sommet de son ascension commerciale, au début des années 90, alors que son histoire remonte au début des années 80 quand les blocs afros en ont inventé le rythme. Avec le pagode, on ne peut pourtant pas exclure la possibilité que la percussion redevienne un élément clé de ce style.

O.C. : Un des intérêts majeurs de ton livre tient à ce qu'il retrace l'histoire des blocos afros de Salvador, et plus généralement du mouvement noir. Tu montres bien comment les références culturelles fondant les valeurs du bloc varient d'un cas à l'autre. Pourrais-tu nous dire plus précisément à quoi correspondent les apostilas qui servent aux musiciens à composer les morceaux en s'inspirant pour les paroles de thèmes et personnages africains ? Qui écrit ces apostilas ? Sont-ils justes anthropologiquement parlant ou assez fantaisistes et peu soucieux de la réalité ?
G. G. : Les blocos afros sont des unités culturelles et des entités du mouvement noir qui comptent dans leurs rangs des intellectuels, historiens, sociologues, anthropologues, éducateurs, etc… Ce sont ces personnes qui produisent les apostilas dont le contenu retrace l'histoire des peuples noirs, presque toujours déformée par l'histoire officielle. Pour autant, ces apostilas n'atteignent pas toujours le degré de scientificité prétendu et oscillent entre recherche sérieuse et fantaisie ufanista.

O.C. : Un autre aspect important que tu soulèves, est la querelle apparue avec Fernando Conceição du MNU qui trouvait que la musique était aliénation et qu'on ne pouvait améliorer sa situation sociale simplement en jouant du tambour. C'est un sujet très sociologique ! Conceição serait-il proche des théories marxistes et d'Adorno ? Où en est cette querelle aujourd'hui ? Quelle est la position de Brown sur le sujet ? Et toi, qu'en penses-tu, la musique est-elle aliénante ? Est-ce un leurre de penser qu'en jouant des percus on pourra s'en sortir ?
G.G. : Oui, Fernando Conceição est marxiste. Son discours est à l'opposé de celui de Carlinhos Brown qui considère la musique comme une forme de transformation de la réalité socio-économique des jeunes du Candéal.
 Je trouve bienvenu de miser sur une activité artistique mais je pense que d'autres opportunités devraient être proposés par les gouvernants pour garantir à la population noire un meilleur accès au marché du travail.

O.C. : Autre sujet de querelle interne : doit-on apprendre la théorie dans les écoles de percussions ou doit-on rester dans l'oral ?
G.G. : La place de la théorie dans les écoles de percussions va de minime à inexistante. La transmission orale demeure la forme d'apprentissage par excellence.


O.C. : "Le rythme est mouvement et l'écriture est statique" (p.273), n'est-ce pas décourageant à entendre pour un sociologue ?
G.G. : Peut-être pour un sociologue. Pas pour un musicien formé par la tradition orale. Mais c'est juste une image qui réaffirme la difficulté qu'a la notation occidentale pour saisir le language percussif.

O.C. : Un des aspects les plus intéressants de ton livre est le lien que tu expliques entre le geste et le son : "c'est le geste qui engendre le son. Ainsi, à une certaine qualité gestuelle correspond inévitablement une certaine qualité sonore, tant dans la dynamique que dans le timbre de ce son" (p. 275). L'oralité, la tradition orale, c'est donc aussi le regard et le geste. On regarde et on imite le geste. L'oreille, l'œil et le mouvement. J'ai l'impression que cette dimension visuelle et gestuelle a été trop rarement développée. Pourrais-tu nous en dire quelques mots ?
G.G. : L'acte de percutir est une véritable chorégraphie. Toute la gestuelle du maître est observée attentivement par tous ceux qui prétendent imiter la dynamique du gesto, son mouvement et son intensité. Ecouter-Voir-Imiter, c'est ça la méthode. (L'observation participante est la clé pour reproduire le language percussif.) Mais l'imitation est rarement parfaite et donc la capacité d'improvisation devient fondamentale pour progresser.

O.C. : Tu montres bien la commercialisation du carnaval de Salvador. La dernière édition a-t-elle été un succès commercial ? Quelles sont les dernières tendances du business carnavalesque ?
G.G. : Le succès commercial du Carnaval de Salvador est indiscutable. Sa croissance est lié aussi au phénomène touristique qui s'est développé au Brésil. Lors du Carnaval 2001, le funk carioca a atteint une visibilité médiatique et a occupé l'espace qui était celui de la axé-music et de la pagode les années précédentes.

O.C. : Le carnaval est aussi un espace de distinction sociale, de séparation. Tu parles même d'une "privatisation de l'espace public". Le public populaire, la "multidão pipoca" n'a que peu accès à une grande partie des manifestations carnavalesques. En conséquence, pour reprendre ta métaphore, pourrait-on dire que si les percus sont entrées dans le salon, beaucoup de percussionnistes sont restés dans la cuisine ? Où en est-on du brassage social au moment du carnaval ? Les classes populaires et moyennes ont-elles des espaces festifs en commun aujourd'hui ?
G.G. : Les espaces carnavalesques sont en permanence recréés. Certaines portions du circuit Dodô et Osmar sont appropriés comme espaces d'interaction pendant la fête. Cette interaction est le reflet du quotidien des quartiers où existe déjà une vie nocturne tout au long de l'année. En outre, il existe des manifestations traditionnelles qui réunissent les classes populaires et moyennes comme la sortie d' Ile Aiyê, le samedi du carnaval. Mais il est évident que le Carnaval atteint un haut degré de segmentation sociale, à travers les cordes des blocs privés das cordas dos blocos privados e dos camarotes que ocupam grandes áreas dos circuitos.

O.C. : Tu parles de la violence présente, est-elle plus forte ces dernières années ?
G.G. : Il n'y a pas moyen de mesurer la violence dans le carnaval. Elle est très présente mais les données sont imprécises et peut-être maquillées afin de garantir l'ascension commerciale et touristique du carnaval.


O.C. : Tu relativises le mythe bahianais du métissage en montrant qu'au Carnaval les Blancs et les Métis sont séparés des Noirs. Penses-tu que l'association couleur de peau-classe sociale soit toujours aussi forte ou les choses évoluent-elles ?
G.G. : Il existe bien une transformation subtile mais cette association continue d'être très forte dans la société brésilienne.

Rencontre entre Carlinhos Brown (Timbalada) et Ivo Meirelles (Mangueira)
O.C. : L'arrastão de Brown pendant le mercredi des Cendres énerve l'Eglise. Y a-t-il une volonté délibérée de provoquer chez Brown ou simplement l'envie de faire durer le carnaval plus longtemps ?
G.G. : Je ne saurais dire s'il y a une intention de s'opposer à l'Eglise de la part de Brown. Mais, sans aucun doute, le rituel de l'Arrastão a pour lui un sens religieux.

O.C. : Où en est la rivalité musicale entre Bahia et le Pernambuco ? Getulio Cavalcanti chante-t-il toujours "Sai pra Là, Baiano" (grosso modo : "vire de là, Bahianais") ? La musique bahianaise est-elle toujours interdite à Olinda, comme tu l'écris ?
G.G. : La rivalité entre Bahia et Pernambouc a de lointaines racines. Et le milieu musical est une de ses arènes principales. Peut-être les Pernamboucanos attaquent-ils le mouvement musical bahianais pour réaffirmer leurs propres traditions musicales, desquelles s'inspire aussi le mangue-beat. Ce sont deux états musicalement forts mais la différence est que la production du milieu musical du Pernambouc n'atteint pas le succès commercial de la production bahianaise. Ce n'est peut-être qu'une question de marketing mais le fait est que le mangue-beat, en dehors de Pernambouc, n'est "consommé" que par l'élite intellectuelle du pays.

O. C. : Existe-t-il néammoins des influences bahianaises sur la musique du Pernambuco ? Et, les musiciens de Salvador, se sont-ils eux inspirés de la dynamique lancée par Nação Zumbi ou d'autres ?
G. G. : Bahia réinterprète le frevo de Pernambouc. Il existe beaucoup de corrélations entre les blocs afros et les maracatus urbains. Certains groupe de Salavador vont directement puiser à la source du mangue-beat. La parenté musicale entre les deux est inestimable.


O. C. : Quelque chose à ajouter ?
G.G. : Merci pour les questions. Foi um prazer conversar com você.

Goli Guerreiro, A Trama dos Tambores : a musica afro-pop de Salvador
Editora 34, São Paulo (2000)

Goli tient également un blog, Terceira Diaspora, que vous pouvez également retrouvez dans notre colonne de liens...

Enfin, si vous avez la chance d'être à Salvador, vous pourrez donc assister au lancement de Terceira Diáspora, Culturas Negras no Mundo Atlântico et Terceira Diáspora, o Porto da Bahia...